Vu d’Algérie. Islamisme et racisme en France : la fausse équation

Comme dans beaucoup de pays à travers le monde, l’islamisme s’est propagé en France pour représenter une menace sérieuse sur le vivre ensemble. Il est l’expression politique d’un courant qui utilise l’Islam pour peser dans les rapports de force culturels et sociaux, en ce sens que la diffusion de l’Islam –ou comme on l’entend souvent ; l’application de la Charia–, n’est pas une fin en soi, mais un moyen pour accéder au pouvoir et jouir de ses privilèges. L’islamisme est une idéologie opportuniste, mais elle est surtout mortifère. L’acte terroriste est le point culminant qui permet à l’islamiste, souvent dans un acte ultime, de peser dans le rapport de force en sa faveur et celle de ses « frères ». Ainsi, et parce que l’acte terroriste est un aboutissement quasi systématique de l’activité islamiste, il faut le combatte sans répit pour l’empêcher de blesser et tuer des êtres humains. Pour ce faire, il faudra mobiliser non seulement l’appareil juridique, pour empêcher l’utilisation de l’Islam à des fins politiques, mais également l’appareil sécuritaire. Sur un autre plan, il faut désormais se rendre l’évidence. La société française est aujourd’hui racialement divisée. Pour un Français noir ou d’origine magrébine, aucune dimension sociale ou éducatif n’impactera autant son parcours biographique que sa couleur de peau ou son origine. Cette réalité est le résultat de l’absence de déconstruction des rapports de force raciaux pendant l’époque coloniale. Il est donc difficilement concevable, explicitement ou implicitement, pour un blanc qui n’a pas fait l’expérience du racisme, de concevoir qu’un français noir ou d’origine Maghrébine puisse être son égal. Cette réalité impacte forcement les institutions de l’Etat qui à leur tour appliquent un racisme structurel qui bloque drastiquement la capacité des citoyens issus des minorités raciales à franchir le plafond de verre. Il suffit d’ailleurs de constater que la plupart des étudiants noirs et Maghrébins en France, admis aux grandes écoles et aux cycles universitaires avancés, sont des primo-arrivants d’Afrique. Ceux-là, n’ayant pas subit le racisme structurel dans leurs pays d’origine, arrivent à accéder plus facilement aux espaces de production des élites, mêmes s’ils seront, par la suite, rattrapés par les discriminations liées à l’embauche, etc. Les minorités, s’accaparant de plus en plus des droits que leur offre la République, y compris la liberté d’expression et la liberté de conscience, sont de plus en plus visibles dans l’espace public. Cela engendre, chez les dominants, une « insécurité culturelle ». Ils usent alors du racisme pour tenter de les empêcher de peser dans le rapport de force social et culturel, mettant ainsi à mal la devise « égalité » de la République, qui relève à ce jour plus de la théorie que de la réalité. Ainsi, comme l’islamisme, le racisme est un instrument de domination utilisé pour peser sur les rapports de force sociaux et culturels. Pour justifier l’acte raciste, les néo-réactionnaires font un lien entre l’islamisme et l’origine des minorités. Ainsi, en s’attaquant à l’islamisme, il est plus « légitime » d’exprimer leur racisme contre les Français noirs et d’origine Maghrébine. D’un autre côté, pour pouvoir activer avec une marge de manoeuvre confortable, l’islamiste mobilise le corpus anti-raciste en présentant la lutte contre l’islamisme comme une action raciste. Alors que le néo-réactionnaire utilise l’islamisme pour exercer un racisme décomplexé envers les minorités, l’islamiste utilise, lui, le racisme pour réduire la charge critique qui lutte contre lui. L’un et l’autre se confrontent et drainent avec eux, dans leur bêtise, le maximum de citoyens. Pour être honnête dans ses combats, il faut être pertinent. Et pour être pertinent, et il faut séparer le combat contre le racisme et celui contre l’islamisme. Comme le viol qui ne peut pas être prétexté par la frustration sexuelle, l’acte terroriste islamiste est un crime trop grave pour qu’il soit justifié par les discriminations. De même, le racisme est un fléau trop grave pour qu’il puisse être justifié par la lutte contre l’islamisme. Un raciste et un islamiste se valent. En les mettant dos à dos, on découvre la supercherie des uns et des autres.

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