03 décembre 1994, le jour où Saïd Mekbel est « pédagogiquement » assassiné
« Pour liquider les peuples, écrit l’écrivain tchèque Milan Huber, on commence par leur enlever la mémoire. On détruit leurs livres, leur culture? leur histoire », on leur élimine des symboles à l’image de Saïd Mekbel.
Au fond, chaque société a eu un Saïd Mekbel durant ces moments de crises, d’approche de révolution, de chute de civilisation, on ne saurait les désigner tous, mais le nôtre est exceptionnel, unique en son sourire qui fait fondre la banquise et reconstruit des élans d’espoir, même en le payant de sa chaire et son âme.
Saïd Mekbel a été touché de deux balles dans la tête dans un restaurant à Alger, comme s’il s’y exposait fièrement, car conscient de son rôle, il savait que son pays donnera naissance à d’autres Saïd Mekbel que tout le cuivre du monde ne pourrait achever.
Qui d’entre nous peut prévoir sa mort et ne jamais « couler » dans son attente ? Se questionner de la manière dont on va la subir ? Saïd Mekbel l’a fait, non pas dans un discours pleurnichard ou mobilisateur, mais dans ses écrits, assumant totalement le comment et non pas le pourquoi, car pour lui, « en haut, il y a des gens qui font tuer par pédagogie. »