L’affaire Bensahli : Une tempête dans un verre d’eau

Une polémique insensée a secoué la toile ces derniers jours. Alors que nous nous réjouissions d’un début d’épanouissement de la production littéraire dans notre pays, voilà que l’on s’attaque, sans discernement, ni bon sens, aux auteurs pour minorer leur mérite d’avoir osé dire. Hedia Bensahli a fait l’objet d’un tollé qui serait inimaginable dans un pays développé.

Commençons par les circonstances : Madame N. Belkacemi accuse Madame H. Bensahli d’avoir plagié son « texte ». L’auteur doit répondre à ces accusations, c’est évident. Elle explique que les pages accumulées qui, des années plus tard, ont donné son premier roman Orages (2019, éd. Frantz Fanon), « étaient basées sur des témoignages douloureux, soulevant surtout des questionnements importants sur notre société ». Dans les centaines de pages de l’ouvrage, précise-t-elle, « un court passage est resté négligemment sans guillemets dans mes notes, ce que je regrette bien évidemment ». Il s’agit du padssage que madame Nadia Belkacemi l’accuse d’avoir « volé ». Hedia Bensahli ajoute que les notes ayant servi à l’écriture de son roman étaient destinées à « son tiroir, ou à quelques rares amis réels, non à des lecteurs ». « J’hésitais parce que je ne connaissais pas le monde de l’édition ; de plus, cela ne m’intéressait pas de me mettre en avant, » assure-t-elle.

Lorsqu’elle a eu vent le 03 sept 2022 d’une publication FB de madame N. Belkacemi l’accusant de l’avoir « plagiée », elle l’a immédiatement contactée pour comprendre, et les deux personnes se sont entendues et comprises (cf. les propos de l’une et de l’autre). Hedia Bensahli exprime publiquement, dans la minute qui suit, ses regrets en formulant clairement de « plates excuses », ce qui est tout à son honneur, pour cette méprise « de débutante », en joignant à son post le passage en question.

Une fois le mea-culpa publié, la situation a complètement dégénéré : Galvanisée par quelques « bien-pensants » avides de scandale, la surenchère prend ses aises et les excuses sont utilisées « comme trophée pour jeter la suspicion sur tout mon travail et me livrer à la vindicte populaire, » regrette Hedia Bensahli. Madame Belkacemi ne se satisfait pas des « plates excuses » formulées, elle se sent « violée » et exige, de surcroit, d’autres excuses supplémentaires ! Encore et encore ! Le lynchage, encouragé par ses commentaires incessants, est lancé et on en fait un pathétique drame national ! J’ai noté la discrétion de Hedia Bensahli qui n’est plus intervenue sur le sujet, malgré toutes les attaques.

À un moment donné, il faut remettre les choses à leur place : rappelons que ce fameux paragraphe qu’on accuse Hedia Bensahli d’avoir « plagié », utilisé par ailleurs comme simple réplique dans un dialogue, n’est pas issu d’un « texte » élaboré, encore moins d’une « œuvre », c’est une intervention sur FB qui date de 2014, soit 5 ans avant la publication du roman. Évidemment, ceci n’excuse pas l’erreur, l’inattention, la méprise, appelons cela comme on veut, mais ne justifie en rien le violent acharnement, encore moins les jugements ad hominem nauséabonds, indignes, particulièrement lorsqu’ils sont émis par des personnes supposées relever le débat. Certains, pour défendre madame N. Belkacemi, citent l’exemple de Salah Guemriche qui a emporté son procès en plagiat contre Alain Rey et son éditeur. Toute proportion gardée, ce monsieur, soucieux de la précision, a été spolié de plusieurs années de travail ! Pas de quelques lignes rédigées au bord d’une table dans un bistrot ! Et pourtant… Aucun tollé ! Un autre auteur universitaire, s’est aussi emparé de plusieurs exemples issus de son Dictionnaire des mots français d’origine arabe (S. Guemriche, 2015, ed. Points), sans être aucunement inquiété, encore moins bassement brocardé. Sous d’autres cieux, on s’occupe de choses plus importantes !

Et là, dans cette affaire, une tempête monstrueuse dans un verre d’eau ! Mais où vivons-nous ? Pourquoi nourrir une polémique stérile ? Au lieu d’en faire des gorges chaudes, le problème aurait dû être posé autrement : Est-ce que ces quelques lignes sont transcendantes, ou essentielles pour l’existence du roman Orages ? Portent-elles la problématique développée par Hedia Bensahli ? Quelle est leur valeur ajoutée ? Aucune ! J’ai lu le roman pour rester objectif, contextualisé l’objet du « délit » pour me faire une idée précise sur la gravité supposée, je me suis rendu compte que ce passage ne nourrissait nullement l’ouvrage, suffisamment dense (cela dit) et excellemment écrit pour se passer de cette réplique, qui, somme toute, est mise dans la bouche d’un personnage très secondaire (Fouzi), n’apparaissant que dans quelques pages du volumineux ouvrage. Ce passage aurait pu être remplacé par des points de suspension, cela n’aurait absolument rien changé. Oser mettre en doute les capacités d’écriture de H. Bensahli est au mieux de la mauvaise foi, au pire de la diffamation.

La critique doit être constructive, basée sur une réflexion, et non lapidaire, et bêtement stérile. C’est ainsi que devrait s’exprimer l’intelligence qui fait défaut à certains supposés bien-pensants et qui nous retardent dans notre avancée vers l’éveil que nous attendons. Hedia Bensahli aurait dit l’éveil des agonisants.

 

 

 

 

 

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