«L’islam a repris de la vigueur par les pétrodollars, la guerre et la politique politicienne» (Boualem Sensal, écrivain)  

Pour l’écrivain algérien Boualem Sensal, les religions monothéistes se retrouvent aujourd’hui « en échec ». « Pour le christianisme, le déclin a commencé avec le schisme protestant, il s’est accéléré avec les Lumières, l’idée de la laïcité, la montée de l’athéisme, la modernité à laquelle il n’a pu s’adapter. Le judaïsme, pour sa part, n’est en fait jamais sorti de son petit univers, entre hébreux, et, contrairement au sionisme, il n’a pas vraiment d’histoire à grande échelle », a-t-il déclaré dans un entretien accordé à Jeune Afrique.

Quant à l’islam qui aurait pu donner, selon lui, « la première puissance mondiale », « il est entré en sommeil, chassé de l’Espagne, de la Chine, de partout. Et est arrivé la chute de l’empire ottoman, la fin du califat, la colonisation. L’islam, c’est la charia plus le calife. Les deux ont disparu avec la destitution du calife et l’arrivée d’Atatürk », a expliqué l’auteur de Harraga, ajoutant qu’au Moyen Age, ce sont les nations européennes qui ont récupéré l’héritage arabo-musulman et ont pu dominer « la planète, aussi bien l’Asie que l’Amérique et le Moyen-Orient. »

Pour Boualem Sensal, si l’islam a repris de la vigueur, ce n’est pas par la « voie spirituelle », « mais par les pétrodollars, par la guerre, par la politique politicienne grâce à l’entrisme dans le jeu politique », « car il ne restait alors plus de l’islam que des gestes sans spiritualité, sans signification, un service minimum assurant le lien social. » 

S’agissant de son dernier roman Abraham ou la cinquième Alliance qui reprend, comme son titre l’indique, les thèmes des religions, l’invention d’un personnage prophète s’inscrit dans la liberté d’un écrivain et ne doit en aucun être considérée comme un acte blasphématoire. « Et puis si aux yeux des salafistes, c’est blasphématoire, je ne vois pas pourquoi on leur laisserait le droit de décréter ce qu’on doit considérer comme tel. On a notre petite liberté ! Cela ne m’a pas arrêté longtemps », a souligné Boualem Sensal.

 

 

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