« Rawdhat El Ochaq », un concert de chants mystiques animé par Lila Borsali
« Rawdhat El Ochaq », un concert de chants mystiques andalous, animé par Lila Borsali dans le registre du Madih Dini, a été présenté samedi sur les réseaux sociaux pour cause de prévention contre la propagation de la pandémie de la Covid-19.
Produit en collaboration avec le Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi (TNA), le concert de chants soufis a été diffusé, près de 70 minutes durant, sur la chaîne Youtube et la page Facebook de la cantatrice, visant à permettre au public d’internautes de prendre part à une belle randonnée spirituelle et raviver l’attachement à la tradition socioculturelle, durant le mois sacré du Ramadhan notamment.
Deuxième expérience du genre après Rentrée en nouba, concert virtuel animé par Lila Borsali en Septembre 2020, Rawdhat El Ochaq, récital mêlant la musique andalouse au conte, a été décliné en quatre thématiques savamment préparé dans le genre ghernati, dédiées à l’amour et la « place centrale qu’il occupe dans les enseignements de l’Islam » et introduites, chacune, par un istikhbar et la narration d’une courte histoire de portée spirituelle et philosophique, riche en enseignements.
Dirigé d’une main de maître par la violoniste Leila El Kébir, l’orchestre composé par, Ghouti Hadjila (derbouka), Karam Ghomari (tar), Merouane Mekki (contre-basse), Djhed Labri (qanun), Farid Mokaddem (Ney), Fethi Benabdessadok (Luth) et Rafiq Benhamed (Violon), a brillamment soutenu la cantatrice qui a rendu, avec une voix présente et étoffée, une vingtaine de madihs, empreints de la richesse de la musique andalouse.
D’abord La fraternité, expliquée, sur un prélude au qanun dans le mode Raml El Maya, par la métaphore du sitar aux sons célestes, qui définit la notion du bonheur comme la « synthèse de tout ce qui est déjà donné par le divin », a été rendue par la cantatrice avec une voix suave, à travers les pièces, Fa qad zalet el houdjoub, Safat ennadhra, Lamma bada minka el qaboul, Elotfia et Atani Zamani, déclinées dans des mouvements irréguliers et ascendants.
L’humilité, deuxième thématique du récital de Lila Borsali, a été introduite par les sonorités mélancoliques du violon et l’histoire de Djaïda, une jeune femme modèle de bonté et de piété, bien récompensée par le ciel, car satisfaite de sa condition et tout le temps dévouée à faire du bien, malgré les interférences malveillantes de l’esprit maléfique qui la suivait et détruisait tout ce qu’elle entreprenait.
Sur des cadences cédant progressivement au relâchement, la cantatrice a ensuite donné à l’humilité une forme plus esthétique, rendant dans le mode Sika les madihs, El hamdou li Allah kheirou el kalam, Ana houwa el abd edhaïf, Ya Rabbi ya âadim el djah et Idha dhaqa sadri, dont les refrains étaient repris en chœurs par l’ensemble des instrumentistes.
Faisant monter en crescendo le ton et les cadences des pièces, adressant des louanges à « Dieu et à son Prophète Mohamed », Aaraftou el hawa, Ma lana mawla siwa Allah, Qoul lil’Allahi lamani et Qoumou qoumou, la cantatrice a parfaitement illustré son conte, déployant son savoir-faire avec une voix cristalline, à la tessiture large.
Le rapport au divin avec l’intention sincère de lui vouer son être et son existence, est le contenu de La conscience du divin, dernière thématique du récital, que Lila Borsali a embellie avec les madihs exécutés dans le mode Sehli décliné en zidane, Nebda bi ismika, La ilaha illa Allah (valse), Oudhkour Allah et Qoudoum El Habib.
Dans de beaux accoutrements célébrant la tradition andalouse, Lila Borsali et son orchestre ont restitué la densité des textes millénaires au lyrisme poétique apaisant et plein d’enseignements, écrits par de grands poètes et soumis à la richesse des différentes déclinaisons rythmiques et mélodiques de la musique andalouse.
Lila Borsali a jusque-là sorti cinq albums Fraq Lahbab (2010), Nouba Rasd Eddil (2012), Nouba Ghrib (2013), Nouba Hosn Es-Selim (2015) et Pour l’espoir (2018) dont la chanson éponyme a été adaptée dans un court métrage-clip, réalisé par Belkacem Hadjadj sur un scénario de Tahar Boukella.