Lire ou ne pas lire A-néant-IR: Quand Houellebecq fait du Houellebecq…
Je viens de terminer le dernier roman de Michel Houellebecq: Anéantir. J’avais déjà lu cet auteur, (à mon avis surmédiatisé et survalorisé dans la presse française), un de ses premiers: Les particules élémentaires (1998), Soumission (2015), qui avait fait sensation: le livre décrit un futur proche en France dans lequel est élu un président de la République issu d’un parti politique musulman en 2022… Et Sérotonine (2019) où un personnage raconte sa vie de couple avec sa compagne japonaise pour disparaître et tenter de retrouver son passé. J’avoue déjà ne pas avoir pu terminer ce dernier. Je n’en pouvais plus… On a fait un tel tapage médiatique, une telle promotion sur Anéantir qui vient de paraître début 2022, que je me suis laissé tenté, un peu appâté, c’est vrai… J’ai fini par l’acheter, et j’ai entamé sa lecture que je viens d’achever. Que dire de Anéantir? Je lisais quelque part un commentaire d’un journaliste qui écrivait A-néant-IR, mettant en relief la racine « néant » qui résumait selon lui le contenu du roman. Quelle est la trame romanesque de Anéantir ? Paul Raison, le personnage principal, la cinquantaine, est haut-cadre fonctionnaire au Ministère de l’Économie et des finances. Pris dans un vide qu’on pourrait qualifier d’existentiel, alors que son couple bat de l’aile, il sort peu à peu de cet état pour renouer avec son père atteint d’un AVC. À partir de ce scénario, Anéantir entrecroise trois histoires, prend trois voies distinctes: – Un fil politique: l’action se situe en 2027, en pleine campagne pour l’élection présidentielle, à laquelle se présente le personnage de Bruno Juge, (directement inspiré de l’homme politique Bruno Lemaire). – Un fil d’anticipation qui met en scène pêle-mêle le surgissement d’inscriptions mystérieuses, des vidéos terroristes, avec une fausse exécution de Bruno Juge, des attaques de navires marchands, et un massacre de masse de migrants. – Et enfin il y a un fil plus intime, qui se veut métaphysique, qui décrit Paul Raison aux prises avec l’effondrement de son père dans la vieillesse, ainsi qu’avec sa propre maladie. Pendant les quelques 100 premières pages, on a l’impression que l’on va embarquer dans une sorte de thriller politico-ésotérique, peut-être même un roman de politique fiction, mais c’est rapidement le désenchantement, la désillusion, la déception totale. On suit avec difficulté le personnage principal qui devient un personnage très plat, terriblement banal, sans consistance, dépourvu même de l’insuffisance et la médiocrité des personnages des précédents romans de Houellebecq, ce qui provoque chez le lecteur un cafard, et une lassitude totale. J’avoue m’être ennuyé pendant toute la lecture attendant, espérant à chaque page, au tournant d’un chapitre, un petit « quelque chose », un « retournement » de situation qui me ferait changer d’opinion, une excitation, un « oh! » dans la lecture. Rien. Le néant. Le vide… Je ne peux plus m’extasier devant ce soit disant génie des lettres françaises, le présumé démiurge de la littérature francophone dans le monde. Houellebecq m’a ennuyé, continue de m’ennuyer depuis ses débuts, continuera à le faire, et toutes les louanges à son sujet m’agacent, m’exaspèrent, m’horripilent énormément. Anéantir est objectivement et malheureusement un roman plat qui ne suscite que de la morosité et des bâillements. Il s’agit d’un roman rempli de lignes dramaturgiques qui ne mènent nulle part… Dans ce roman-fleuve de 700 pages, le seul thème qui ressort est celui de la mort : On connaît l’attachement et le goût de Houellebecq pour les hôpitaux, les maisons de retraite, les descriptions de maladies, et autres calamités. Dans Anéantir finalement, le seul élément auquel le lecteur peut s’agripper, (et encore), c’est ce trouble malsain : on est encore, comme toujours chez Houellebecq, dans la description de personnages « malades », dans tous les sens du mot, et au-delà, d’une société, d’une civilisation moribonde, en décadence. Ce gros livre se propose, à mon avis, de participer à la construction du mythe du grand écrivain. Ce n’est pas mon sentiment. Moi. Je n’ai retenu que la platitude, la fadeur et la pauvreté de ce dernier roman de Michel Houellebecq, ainsi que l’ennui, et la lassitude polie qui m’a saisi en tant que lecteur.
Houellebecq, Michel, Anéantir. Paris, Flammarion, 730 p. (Lamine Benallou)
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