30 décembre 1926, le jour où Rainer Maria Rilke est mort
94 ans après sa mort, l’auteur des Lettres à un jeune poète continue de surprendre les critiques littéraires par son œuvre qui se rebelle contre les étirements du sens et les inventaires des mouvements stylistiques.
Ayant vécu son enfance à Prague, ville qui a enfanté Milan Kundera et Frantz Kafka, Rilke a longtemps travaillé dans la presse avant d’entamer des études d’histoire des arts et de la littérature et voyager en Russie où il rencontrera Léon Tolstoi. « Son extraordinaire sensibilité ne supportait pas que rien ni personne l’approchât de trop près, et tout particulièrement un caractère masculin très marqué excitait en lui une sorte de malaise physique. Il se donnait plus facilement aux femmes dans la conversation. Il leur écrivait souvent et volontiers, et il était plus libre en leur présence », témoigne Stefan Zweig à propos du caractère de ce poète hors normes.
Après ce voyage marquant, Rainer Maria Rilke choisit la vie de l’errance, poursuivant son objectif ultime : l’étude des expressions artistiques. « […] il faut travailler, rien que travailler. Et il faut avoir patience ! » répétait-il dans ses lettres.
En dehors de sa sensibilité, de son statut de poète, Rilke est considéré aujourd’hui comme la lumière qui guide la voie des femmes et hommes de lettres, les encourageant à écrire, à créer, à « ne pas avoir peur de la plume » si l’envie s’impose. « Vous me demandez si vos vers sont bons. Vous me le demandez à moi. Vous l’avez déjà demandé à d’autres. Vous envoyez vos poèmes aux revues. Vous les comparez avec d’autres poèmes et vous vous alarmez quand certaines rédactions écartent vos essais poétiques […] Il faut renoncer à tout cela. Votre regard est tourné vers le dehors […] Entrez en vous-même. Cherchez le besoin qui vous fait écrire. Examinez s’il pousse ses racines au plus profond de votre cœur », écrit-il dans Lettres à un jeune poète.