«Le Congrès de la Soummam, un formidable coup de génie de la part de ses concepteurs»
Pour l’historien Mohammed Ould Si Kaddour El-Korso, le Congrès de la Soummam a « balisé le chemin » menant à la restauration de la souveraineté nationale et a tiré au clair la dimension « unificatrice » défendue par les organisateurs de cette rencontre historique, a rapporté l’APS la veille de la commémoration du 64éme anniversaire de cet événement, tenu le 20 août 1956.
Soulignant le caractère édificateur du Congrès de la Soummam, M. El-Korso a défini ce dernier comme une « pierre angulaire de l’édifice de l’Algérie combattante, qui a balisé le chemin menant à la restauration de la souveraineté nationale et indiqué la marche à suivre pour une Algérie future. » À ce propos, M. El-Korso a également mis l’accent sur une spécificité majeure qui consistait en « l’intelligence stratégique du Front de Libération nationale (FLN) qui s’est imposé comme front de combat puis comme seul interlocuteur valable malgré les résistances, les diversions et les manœuvres internes et externes » avant d’ajouter que la victoire a été « de facto » celle d’Abane Ramdane dont « le leitmotiv a été l’unité dans le combat, laquelle passait par l’élargissement et l’ouverture de la base militante et combattante du FLN à toutes les forces nationales anticolonialistes. » « Les communautés chrétiennes et juives étaient, elles aussi, sollicitées pour apporter leurs concours à la lutte libératrice, » insiste-t-il.
Sans se limiter à l’aspect unificateur de ce Congrès, l’historien a également exposé d’autres paramètres nécessaires pour, a-t-il affirmé, « une bonne et saine compréhension de l’esprit du Congrès de la Soummam et de l’après Soummam ». Selon lui, ce Congrès est « un formidable coup de génie de la part de ses concepteurs » et « les combats que le peuple algérien a livrés contre le colonialisme sont de véritables cours de stratégie militaire. »
De l’importance du Congrès de la Soummam dans l’aspect organisationnel de la Guerre de Libération nationale, M. El-Korso a estimé que le 1er novembre avait besoin d’un prolongement politique et militaire pour avoir un sens historique irréversible. « la Proclamation du 1er Novembre 1954, véritable déclaration de guerre au nom du peuple algérien contre la France coloniale, ne pouvait, à elle seule, servir ni de feuille de route ni de charte pour la Révolution annoncée. Les historiens sont unanimes pour dire que, pendant plusieurs mois, aucune direction sûre et reconnue par tous les chefs de zones, capable de les réunir pour faire le point n’a émergé, » a-t-il déclaré. Tout en pointant du doigt le rôle d’Abane Ramdane, M. El-Korso a souligné qu’il « était insif, tranchant, d’un caractère irréductible » et qu’il « s’était opposé à l’individualisme, à l’esprit clanique et au leadership naissant de certains responsables politiques ou militaires, de l’intérieur comme de l’extérieur. »
Par ailleurs, L’historien El-Korso a rappelé les propos tenus par Abane à Ferhat Abbas lorsqu’il lui avait déclaré : « Le FLN n’appartient à personne, mais au peuple qui se bat. L’équipe qui a déclenché la Révolution n’a acquis sur celui-ci aucun droit de propriété. Si la Révolution n’est pas l’œuvre de tous, elle avortera inévitablement ».
Finalement, insistant sur l’importance des archives, M. El-Korso a martelé « qu’un impératif s’impose, et nous ne cesserons jamais de le répéter, il n’y a pas d’histoire sans sources, sans archives surtout. »