Le Covid 19 fauche la star du saxo Manu Dibango
Hospitalisé depuis le 18 mars à la suite d’une infection par le coronavirus, Manu Dibango, saxophoniste de renommée mondiale, est mort mardi 24 mars, a annoncé sa famille, à l’âge de 86 ans. « Chers parents, chers amis, chers fans, Une voix s’élève au lointain… C’est avec une profonde tristesse que nous vous annonçons la disparition de Manu Dibango, notre Papy Groove, survenue le 24 mars 2020 à l’âge de 86 ans, des suites du Covid-19. Les obsèques auront lieu dans la stricte intimité familiale, et un hommage lui sera rendu ultérieurement dès que possible,» annonce sa famille sur sa page Facebook.
En 1973, il fait son show à l’Olymbia à Paris et le sucés est des plus inattendus. Grâce à ces deux tubes African Voodoo et Soul Makossa, il subjugue le public et se fait consacrer star incontestable du jazz. Soul Makossa, vendu à des millions d’exemplaires à travers le monde, a été repris par Michael Jackson pour Wanna Be Startin dans son album Thriller (1982), par Rihanna dans Don’t Stop the Musis (2007), et par Jennifer Lopez dans le clipde Feelin’ So Good (2012).
Né d’une mère couturière et d’un père fonctionnaire, le 12 décembre 1933, à Douala, Papa Manu a découvert la musique très tôt au sein d’un temple chrétien où sa mère travaillait comme chef de chœur. À 15 ans, il quitte le Cameroun pour aller étudier en France. Après le collège à Saint-Calais (à Sarthe), il fréquente le lycée de Chartres où il apprend le piano. Il rencontre Francis Bebey, musicien camerounais, et Duke Ellington, pianiste, compositeur de jazz, de comédies musicales et de musique contemporaine et chef d’orchestre de jazz américain. Ensemble, ils mettent en place un groupe. Après son Bac, il se sépare avec sa famille, notamment son père qui lui coupe les vivres, et part en Belgique. Là, en travaillant dans un cabaret comme musicien, il séduit une femme grâce à ses talents artistiques et son humour décapant : Marie-Josée devient sa femme. En 1962, après les indépendances, il s’installe avec sa femme à Léopoldville (Aujourd-hui Kinshasa) et commence véritablement sa carrière artistique. En 1973, il fait son show à l’Olymbia à Paris et le succés est des plus inattendus. Grâce à ces deux tubes African Voodoo et Soul Makossa, il subjugue le public et se fait consacrer star incontestable du jazz. Soul Makossa, vendu à des millions d’exemplaires à travers le monde, a été repris par Michael Jackson pour Wanna Be Startin dans son album Thriller (1982), par Rihanna dans Don’t Stop the Musis (2007), et par Jennifer Lopez dans le clipde Feelin’ So Good (2012). En 2014, il sort son dernier album, « Balade en Saxo » et, cinq ans plus tard, il effectue une tournée mondiale de ses soixante ans de carrière.
Mais Papa Manu n’a pas fait que composer de la musique durant sa carrière. Il a aussi publié deux excellents livres qui restituent l’âme de sa musique et, surtout, les péripéties de sa vie qui l’ont conduit en Europe et l’ont installé durablement sur la voie de l’art. En collaboration avec Danielle Rouard, journaliste au Monde, il publie en 1989 sa première biographie au titre très allégorique aux éditions Non Lieu à Paris : Trois kilos de café. Dans ce livre, il raconte, entre autres, son voyage par bateau à Marseille avec, dans ses bagages « trois kilos de café » pour payer avec ses hôtes pendant un mois avant d’aller rejoindre sa famille à Saint-Calais. La deuxième biographie, parue aux éditions L’Archipel que dirige le talentueux et généreux éditeur parisien Jean-Daniel Belfond, porte un titre inspiré de son dernier tube : Balade en saxo, dans les coulisses de ma vie. Il s’y livre sans réserve, comme dans un testament. « Cet ouvrage, résume son éditeur, compose l’autoportrait d’un musicien dont le talent finit par s’imposer, grâce à un facteur que lui-même nomme la chance. Le parcours de cet artiste est un paradoxe permanent : dans cette Afrique à laquelle il s’entête à se consacrer, il n’a jamais été reconnu à sa juste valeur ; en France, il reste africain avant d’être musicien ; mais, dans le reste du monde, c’est une star. Dans cet ouvrage, le patriarche se penche sur le chemin accompli et se rappelle les hommes et les espaces vers lesquels la musique l’a conduit. Au fil de son récit, l’Afrique, la France et l’Amérique sont invoquées avec passion.