« Le rock convient tout à fait à l’esprit de rébellion » (Ali Amran, musicien)
Dans le cadre d’un entretien accordé au quotidien Liberté, la star de la chanson pop-rock kabyle, Ali Amran se dit déjà engagé envers soi au milieu de ces « contraintes posées aux algériens, absence de structures et de cadre propice à l’art ou encore d’industrie de la musique. » Peu sont les artistes qui vivent de leur propre art, pourtant, Ali Amran en fait partie et ne se voit nullement sous l’étiquette de chanteur engagé. Or, dit-il : « Je m’inspire de ma société, de son histoire, de ses tourments, de ses espoirs, de ses rêveries et de ses conquêtes. Notre patrimoine musical kabyle ne manque pas de thèmes évoquant les luttes pour les libertés, les luttes pour la démocratie et pour un monde en paix. Matoub Lounès, Ferhat Imazighen Imoula, Ideflawen et tant d’autres ont bercé ma jeunesse. Mon engagement y est donc à la base. Le texte de Sin Wattanen est un cri du cœur. »
En insoumis, nourri de révolte artistique, Ali Amran voit en le rock une musique qui : « convient tout à fait à l’esprit de rébellion. C’est mon choix. Je me retrouve dans la puissance de ses sonorités, de ses rythmes à la batterie ou encore dans la distorsion de la guitare électrique. C’est un style qui me permet de m’exprimer avec force et énergie. C’est ce que j’ai toujours recherché. » Evoquant ses souvenirs d’enfance et ses premiers pas de la musique traditionnelle kabyle à la musique moderne, Ali Amran se montre bouleversé : « C’était l’époque des Pink Floyd, Cat Stevens, Simon and Garfunkel, Dire Straits, les Eagles mais surtout des Beatles. C’est à travers ces derniers d’ailleurs que j’ai appris à jouer de la musique moderne. Un copain du lycée avait tous les textes de ce groupe mythique, avec en bas de chaque texte des partitions de musique. L’aventure pouvait alors commencer et le rêve est devenu à portée du doigté ! »
Par ailleurs, combiner deux genres musicaux qui n’ont rien de commun entre eux ne se fera que par le travail et la persévérance : « Toute la problématique est de trouver justement le trait d’union et la bonne articulation entre ces deux mondes musicaux complètement différents. On est face à deux systèmes qui, chacun, propose ses cohérences et sa propre logique. Comment s’y prendre, d’autant plus qu’on n’a pas de repères ou de littérature autour de notre musique pourtant vieille de plus d’un siècle ? », se questionne le musicien avant de poursuivre : « Par littérature, j’entends la recherche qui permet de connaître comment notre musique a évolué, ses influences, sa structure et ses mécanismes. Il fallait alors que je compte sur mon instinct et mon seul feeling. C’est comme cela qu’est né d’ailleurs Xali Slimane. Par la suite, j’ai été amené à faire beaucoup de recherches, avec toujours le souci de préserver l’esprit et l’âme du chant kabyle tout en lui permettant une seconde vie à travers des arrangements modernes et harmoniques, de type occidental donc. » Ce travail de fouilles et d’arrangements réalisé par Ali Amran n’est pour lui que ce qui : « permet d’inscrire le chant kabyle dans l’universalité en le portant à l’oreille du monde ! », conclut-il.