« L’islamisme et la îssaba sont solidement ancrés dans le pays » (Boualem Sansal, écrivain)

 « Nous avons bu jusqu’à la lie ce que la manipulation de la religion, la falsification de l’histoire et l’illégitimité au pouvoir peuvent produire de fanatisme, de corruption et de folie. Sommes-nous vaccinés, je ne le crois pas », a déclaré récemment l’écrivain algérien Boualem Sansal dans une entrevue avec Liberté.

Pourfendeur des obscurantismes politico-religieux qui ne cessent d’enkyster la société algérienne, Boualem Sansal a expliqué dans le même contexte que « l’islamisme et la îssaba sont toujours là, solidement ancrés dans le pays. » Il a souligné également que ladite « îssaba » (groupe de politiciens qualifiés par les Algériens de traîtres et voleurs), reste toujours minable, mais l’islamisme continue de fédérer des adeptes sous ses ailes. « La îssaba est toujours minable mais l’islamisme a pris une ampleur planétaire, je l’ai personnellement rencontré partout, dans tous les pays que j’ai visités, jusque chez les Esquimaux à l’extrême nord de la Finlande où j’ai découvert un salafiste d’origine algérienne qui rêvait de construire une mosquée et de convertir tous les Esquimaux », a-t-il expliqué.

Revenant sur le pouvoir de la littérature, et son apport aux consciences violées, l’auteur du Serment des barbares a souligné qu’il s’agissait d’un phénomène subversif par nature. « Elle [la littérature] dérange, elle provoque des polémiques. Il faut les accepter, ça contribue au débat national sur les problèmes traités par cette littérature, ça anime la vie littéraire dans le pays, ça suscite des vocations peut-être. Certains polémistes dépassent le cadre de la critique de l’œuvre et s’attaquent à la personne de l’auteur, ils font une fixation morbide sur lui et prennent un plaisir sadique à l’abreuver d’injures, à le dévaloriser en faisant étalage de leur savoir pour convaincre les foules », a-t-il ajouté, précisant que la plupart des écrivains à succès auprès des lecteurs et des institutions littéraires ont toujours « des cinglés » qui les poursuivent de leur haine. « J’ai mes cinglés moi aussi, mais n’exagérons rien, ils ne m’empêchent pas de respirer. Vous savez, les fans sont parfois pires, certains relèvent de la psychiatrie, ils vous aiment à la folie et vous harcèlent jour et nuit. La littérature n’est pas un lieu de repos », a-t-il conclu.

 

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