« Pour l’ARAV, la fonction du journaliste serait de rédiger des récits à l’eau de rose » (Ahmed Cheniki, universitaire, essayiste)

L’universitaire et ancien journaliste algérien Ahmed Cheniki a réagi hier sur la communiqué publié par l’ARAV (Autorité de régulation de l’audiovisuel), qui demande « d’éviter de se concentrer excessivement sur les nouvelles négatives et les histoires tragiques liées à la contamination au Covid-19. »

En effet, pour Ahmed Cheniki, ce communiqué sous-entend que « la fonction du journaliste serait de rédiger des récits à l’eau de rose, type Harlequin “mentir” par omission. » Il note dans le même sillage que « les gens sont informés à longueur de vidéo, par les médecins des hôpitaux via les réseaux sociaux, qui, malgré la présence de fausses informations comme d’ailleurs dans les médias traditionnels, permettent de pallier l’absence d’une information sérieuse, absente des espaces conventionnels. » « Les gens arrivent de plus en plus à faire le tri entre la “bonne » et la “mauvaise” “info” dans ce grand déversoir que sont les réseaux sociaux », souligne-t-il.

Par ailleurs, revenant sur « la fonction du journaliste », l’auteur de Le projet Algérie : brève histoire politique d’un pays en chantier, tient à préciser que son (journaliste) rôle « est d’apporter une information vérifiée, juste, « neutre », privilégiant le langage de la « vérité ». » « Je viens d’apprendre aussi dans ce communiqué l’existence d’un nouveau genre de journalisme, « un journalisme de solutions », comme si on demandait au journaliste de se transformer en médecin, alors que son rôle est d’apporter une information dont les sources sont interrogées, vérifiées pour ne pas tomber dans le piège de la fausseté », argue-t-il.

 

Pour Ahmed Cheniki, ce communiqué est un « appel à la censure. » « Ce que l’ARAV semble oublier, c’est que le monde se trouve aujourd’hui en 2021, l’information n’est plus réductible à des mots d’ordres surtout avec l’émergence des réseaux sociaux et les progrès de la scolarisation. L’ARAV semble vouloir porter les oripeaux du rédacteur en chef dépassant apparemment l’espace de la régulation », conclut-il.

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