« Saha l’Artiste » dénonce le vécu des artistes dans la société de consommation
Le monodrame, Saha l’Artiste, une immersion dans l’univers de la création artistique dénonçant la condition de l’artiste dans une société de consommation, a été présenté dimanche à Alger, dans le cadre du 14e Festival du théâtre professionnel (Fntp), devant un public restreint.
Tenu au strict respect des mesures de prévention contre la propagation de la pandémie de la Covid-19, le public du Théâtre municipal d’Alger-Centre a pu apprécier, 60 minutes durant, la prestation du comédien Ahcène Azazni et du musicien Amar Cherifi, dans un spectacle écrit et mis en scène par Omar Fetmouche.
Un violoniste, auquel manquait un fil à son instrument, se rend vite compte que tous les magasins de musique qu’il connaissait ont été transformés en fast-food, dans une société de consommation délabrée, où le souci du gain facile, règne en maître absolu.
Dans un environnement hostile à toute créativité artistique où il est impossible de trouver une corde de violon, le musicien décide de quitter le pays, et va pour ce faire, voir Moul el khit, un affairiste débrouillard détenant toutes les ficelles pour contourner toutes sortes de problèmes, qui lui procurera un visa.
De l’autre côté de la Méditerranée, l’artiste s’épanouit et trouve son compte, allant jusqu’à étudier la contre-basse, instrument qu’il a adopté et acheté sans son étui, se voyant, à son retour au pays, contraint de le faire transiter dans un cercueil, faisant croire que c’est la dépouille de sa femme, une française qu’il avait épousé et réussi à convertir à l’Islam.
Interprétant pas moins d’une quinzaine de personnages, Ahcène Azazni a conquis le public dans une prestation de haute facture, où Amar Chérifi, chanteur chaâbi à la mandole, reprenait la trame en chanson dans différentes variations modales, dans les modes Araq-H’çin, Moual, et Sehli, entre autres, et assurait les transitions, donnant ainsi à son instrument des élans de narrateur.
Nouvelle forme, mêlant le théâtre à la musique que Omar Fetmouche entendait tester avec son staff, cette fusion des genres « intéressante » de l’avis des spectateurs, a permis, « une plus grande proximité avec le public », ce qui, a-t-il ajouté, a rendu le message « plus accessible ».
De « Moul el khit » jusqu’à Aammi Hmida, passant par, quelques clients d’un restaurant, le vieux tailleur de pierre tombale, le douanier, le chauffeur du corbillard de fortune, le policier, le malfrat déguisé en « Capitaine crochet », la tante Zohra et le gardien du cimetière, Ahcène Azazni, chevronné des planches, a bien porté le texte, faisant montre de toute l’étendue de son talent de comédien professionnel.
La corde manquante au violon aura ainsi révélé tous les maux de la société, permettant à Ahcène Azazni de poser avec brio, la problématique de « l’espace de créativité artistique et de production en Algérie. »
Produit en 2019 par la Coopérative Théâtre Sindjab de Bordj-Ménaïel, en collaboration avec le TNA, le monodrame Saha l’Artiste, spectacle programmé en « off » au 14e Fntp, sera suivi par la pièce de théâtre en compétition, Es’Sefqa (la transaction) du Théâtre régional de Tizi-Ouzou.
Le 14e Festival national du théâtre professionnel se poursuit jusqu’au 21 mars avec dix spectacles en compétition au TNA, et neuf autres en off, programmés au Théâtre municipal d’Alger-Centre et à l’espace Hadj-Omar, une salle annexe au TNA.