Histrions gratifiés et enseignantes mortifiées
Une simultanéité de mauvais augure. Et un cynisme de sinistre aloi. Quinze fois le smig pour une brochette de pantins frétillants. En guise d’étrennes pour figurer dans un simulacre de suffrage insignifiant. Une foire d’empoigne de plaisantins sautillants. Se découvrant subitement une vocation de paillasse fangeuse. Pour pouvoir occuper un strapontin dans une tranchée marécageuse. Et seulement deux onomatopées sourdes. Deux onomatopées étouffées, pour des enseignantes agressées et violées. Avec la plus lâche des brutalités. La plus sauvage des cruautés. Et la plus atroce des bestialités. Au lieu même où elles avaient fait le choix difficile d’aller enseigner comment ne pas agresser et pourquoi ne pas violer. Comment respecter son prochain. Et comment vivre en paix dans son propre pays. Quinze mois de salaire que de pauvres hères gagnent à la sueur dégoulinante de leur poitrine. Et à la détresse perçante qui écrabouille leurs cœurs. Quinze mois de salaire d’infortunés forçats qui triment du matin au soir. Et qui sont jetés effrontément à des histrions blafards. Quinze mois de salaire que ces enseignantes blessées, humiliées, trainées dans la boue ne pourront jamais économiser. Durant toute leur maigre vie. Tassées dans un dortoir lugubre. Lui-même situé dans un ailleurs qui ressemble à l’antichambre de l’enfer. Et où on vient impunément les mortifier. Des enseignantes qui avaient déjà un pied dans les abysses de l’effroi. De l’oubli et du désarroi. Des enseignantes qui ne demandaient qu’à enseigner l’amour d’autrui et le respect de soi. Le respect de leur noble tâche par une société qui préfère mettre en exergue des molletons. Des figurants incolores et inodores sur la scène d’un vaudeville où les affiches ressemblent à des injures. Et les intentions empressées à des parjures. Des funambules qui rêvent à une immunité moutonneuse, couvrant toutes leurs crasses futures. Suivant les traces immondes de leurs modèles en ignominie, en indignité et en flétrissure. Et qui feigneront de tout ignorer de ces femmes martyrisées. De leur douleur. De leur affliction. De leur souffrance. Et de toutes leurs inextinguibles blessures. Ces plaies qui viendront s’amonceler au tréfonds de l’inconscience d’une société qui se claquemeure. S’ajoutant irrévocablement à ses innombrables et indélébiles souillures.
Bravo cher ami. Je n’en attendais pas moins de vous, de votre honnêteté intellectuelle, de votre vivacité à réagir à l’horreur et à l’indignité désormais érigée en banalité, puisqu’elle ne soulève plus que de vagues miaulements de pure convenance. Ce à quoi nous assistons tous les jours, et dont nous ne savons presque rien de toute l’étendue, est significatif de la déchéance dans laquelle nous avons été précipités, souvent avec notre tacite assentiment, un peu comme ces marginaux qui s’habituent à leur crasse, et qui même la chérissent, puisque le bain leur devient une horreur. J’espère que le grand et sain intellectuel que vous êtes Auta valeur d’exemple, dans cette ignoble société qui est devenue la nôtre. Merci
Merci cher ami. Toujours à l’écoute de la société. Et ses cris de détresse. Mais il est des cris perçants qui s’adressent à la conscience au point de la perforer. Comme celui de ces femmes mortifiées par leur propre pays. Continument et impunément.
Mes sincères amitiés.