L’art d’attendre

J’ai tout attendu
Un sourire désintéressé
Un chocolat tombé du ciel
Les résultats de mes examens scolaires
La mort du soleil
Le retour de Jésus et la fin de la fatigue

J’ai tout attendu
Que le temps engloutisse les aubes tristes et prolonge les nuits
Que les nuits se perdent dans le lait de la passion
Et que la passion se fasse la peau des peurs et des incertitudes
Et que les impatiences s’éteignent définitivement sous mes caresses

J’ai tout attendu
Que s’écroule l’olivier millénaire
Que dorment les consciences
Que se dissipent les ombres
Que se taisent les cieux
Pour laisser se mélanger les salives pudiques
Les eaux sales des promesses primordiales
Dans l’absolue fureur de la vie

J’ai tout attendu
Et mes attentes se prolongent
Je sais désormais que la vie est un euphémisme
C’est de fatigue et de mort lente qu’il s’agit
J’ai compris et j’en suis fatigué
Mais je vais continuer à attendre
Car je ne sais pas vraiment attendre et il faut bien que j’apprenne à le faire un jour