« Avoir l’Algérie et la France ‘‘en miroirs’’ pour mieux se connaître et s’apprécier » (Mireille Lacombe, Présidente de l'AFAPA)
L’association France-Algérie Pays d’Auvergne (AFAPA) est une filiale de l’Association France-Algérie (AFA) (siège à Paris). Riche de sa dynamique et de ses activités visant à mobiliser des Algériens et des Français autour d’intérêts et de visions communs, elle constitue aujourd’hui un très beau trait d’union entre les deux pays. Focus sur ses origines, ses objectifs et ses actions.
Dans quelles circonstances avez-vous créé l’AFAPA ?
L’association a vu le jour lors de la préparation de la visite d’État du Président François Hollande en Algérie et à l’occasion de la signature de la Déclaration d’Alger sur l’amitié et la coopération entre les deux pays (19 décembre 2012). De nombreuses actions devaient être conduites entre la France et l’Algérie. Des visites diplomatiques se sont succédé et certaines relations économiques ont repris. L’AFAPA s’est créée avec les soutiens du Président de l’AFA, Jean-Pierre Chevènement et d’Edith Cresson, ancienne première Ministre, à la demande de Mireille Lacombe, Présidente de l’AFAPA, alors Vice-présidente du Conseil départemental du Puy-de-Dôme, de Max Véga-Ritter, universitaire né à Constantine, et de Djamel Ibrahim Ouali, adjoint au Maire de Clermont-Ferrand, né de parents algériens.
Qu’est-ce qui a motivé la création de l’association ?
Dans toute la France, des liens étroits unissent des Français et des Algériens. En Auvergne, la création d’une antenne avait pour principal objectif d’ouvrir, de part et d’autre, une ère nouvelle de relations faite d’estime et d’amitié, plus particulièrement à Clermont-Ferrand où avait existé un Consulat d’Algérie déplacé à Saint-Etienne. On ne cachait plus dans la communauté algérienne auvergnate l’envie d’explorer de nombreux domaines où nous sommes complémentaires : échanges universitaires, scientifiques, culturels, transfert de technologie et de savoir-faire, adoption d’instruments juridiques communs.
Quel lien entretenez-vous avec l’AFA ?
Les administrateurs de l’AFA, association fondée le 20 juin 1963 et ceux de l’AFAPA adhèrent à des valeurs communes ; ils partagent la conviction profonde que l’accession de l’Algérie à l’indépendance en 1962 ne peut être un frein à des actions de rapprochement fécond entre les sociétés françaises et algérienne.
Qu’est ce qui les différencie ?
Ce sont les actions conduites directement entre la société civile algérienne et la société civile française d’Auvergne qui a ouvert une ère nouvelle de relations faites d’estime et d’amitié, de territoire à territoire.
Qui sont les adhérent.e.s de l’AFAPA ? Qu’est ce qui motive leur adhésion à l’association ?
Ce sont, pour la plupart, des personnes nées en France ou en Algérie qui s’intéressent aux grands défis actuels et futurs auxquels nos communes et régions d’Europe et du Maghreb doivent faire face : migrations, réformes, sécurité, changement climatique, préservation de l’environnement, égalité entre les citoyens. Ils croient à la coopération dans le domaine du livre, de l’édition, du cinéma et des expositions, du développement économique et de l’agriculture. Ils sont français et franco-algériens, avec des héritages divers, chrétien, musulman, juif, athée. Ils se mobilisent pour accueillir des intervenants algériens et aiment confronter des points de vue, avoir les deux pays « en miroirs » dans le but de mieux se connaître et s’apprécier.
L’AFAPA privilégie des projets favorisant l’amitié et l’échange franco-algérien dans plusieurs domaines. Quelles sont ces actions ?
L’AFAPA a fait le choix d’approfondir la coopération dans le domaine de l’archéologie, du livre, de l’édition, du cinéma et des expositions. Elle organise des semaines de l’Algérie en partenariat avec d’autres, des voyages de découverte de l’Algérie, accueille des correspondants algériens dans les Établissements d’enseignement et à l’université. Parmi ces actions : Le livre Débats et imaginaires algériens, la littérature algérienne sous le regard de Max Véga Ritter. Edité par l’AFAPA en 2018, cet ouvrage de recensions de cinq cent dix-huit pages s’adresse à tous les publics ; c’est un outil pédagogique exceptionnel où l’on retrouve les plus grands auteurs de la littérature contemporaine algérienne. On y découvre une Algérie réconciliée avec elle-même, avec ses langues, l’arabe, le français, le tamazight, avec son passé numide, romain, byzantin, arabe, turc, français, ainsi que ses héritages musulmans, juif et chrétien, athée dont il est question dans le livre pour mieux la connaître. On y trouve la colonisation, la guerre d’indépendance, Camus, les années noires et les grands noms depuis l’émir Abdel Kader, le poète et homme de théâtre Kateb Yacine ou le médecin psychiatre anti-colonial Franz Fanon. Il y a aussi l’événement « Algérie, je t’écris… » C’est le début d’une action expérimentale validée par le Rectorat d’Académie de Clermont-Ferrand avec l’accompagnement d’équipes éducatives de collèges soucieuses de développer chez les élèves, l’autonomie, le sens de l’initiative et l’ouverture au monde en mutation. Cette action est suivie, d’une part, de l’accueil dans les collèges et les lycées et universités du Puy-de-Dôme, d’acteurs culturels algériens, poètes, musiciens, peintres, danseurs, dessinateurs de BD, venus pour dialoguer. Et d’autre part, d’un cahier de jeux auxquels ont participé à la conception, les acteurs culturels et éducatifs, français et algériens : plus de 40 pages, 80 illustrations en couleur, 400 réponses à trouver (anagrammes, mots croisés, mots cachés, calligraphie, dessin, coloriage, jeu des erreurs, questions à choix multiples, énigmes mathématiques, contes, littérature, histoire et patrimoine, géographie et sites touristiques, personnages célèbres).
Quel bilan faites-vous des échanges franco-algériens organisés dans le cadre des journées d’amitié France-Algérie Pays d’Auvergne ?
Le travail de partenariat se traduit par une coopération entre des correspondants en Auvergne, à Alger, Tipaza, Annaba, Constantine. L’évaluation de nos actions de coopération culturelles et éducatives est qu’elles sont positives côté français. Du côté algérien, les actions à partir de l’Algérie sont plus difficiles à apprécier et ne sont pas formalisées par les institutions ou seulement oralement.
Pour la société civile algérienne, notre séjour en Algérie a démontré que « tout est possible » et que les projets communs sont de nature à créer du lien et des coopérations « décentralisées » par des échanges physiques ou en visio-conférences et autres outils de communication, notamment pour un apport entre archéologues, des expertises et des formations comme ce fut le cas avec la délégation de producteurs de lait et des chercheurs de l’université de la ville de Sétif en visite au sommet de l’élevage de Cournon-d’Auvergne.
Vous avez clôturé votre programmation 2019 en invitant, à Clermont-Ferrand, Faïza Maameri, chorégraphe de l’Académie des Arts de la Scène d’Alger. En quoi consiste l’évènement ? Quel écho a-t-il eu à Clermont-Ferrand ?
Notre correspondante à Alger nous avait reçu dans la capitale algérienne sous la couverture des services culturels et éducatifs algériens, pour nous faire visiter des sites remarquables d’Alger. Elle avait organisé un spectacle de danses contemporaines en notre honneur et nous avons pu y rencontrer de nombreux invités. Nous avons présenté le livre « Débats et imaginaires algériens » en présence d’écrivains et d’artistes, de journalistes et de personnalités politiques et du monde de la culture.
En février dernier, vingt danseurs algériens sous la conduite de la chorégraphe Faïza Maameri ont participé à un festival de danse à l’Opéra de Clermont-Ferrand en présence de professionnels et de nombreux spectateurs. Certains d’entre eux devraient accompagner le projet d’un évènement avec des danseurs trisomiques et les associations du Puy-de-Dôme intéressées par le spectacle.
Quels sont les projets en perspective pour renforcer l’amitié franco-algérienne ?
Nous avons en perspective un projet commun avec la compagnie algéroise Profil. Nous avons répondu à un appel à projet éducatif « AFRICA 2020 ».
Nous venons d’obtenir la confirmation d’acceptation du Ministère de l’Education français au porteur de projet qui est un lycée. Ce projet s’inscrit dans la défense des droits (femmes, enfants, handicapés) et nous aimerions en partenariat avec l’AFA envisager une tournée à Paris et dans certaines délégations de l’Association France Algérie. Nous espérons pouvoir recevoir en novembre dans notre programmation 2020 (report) des danseurs et des carnettistes algériens.