« Je me sens méprisé dans cette nouvelle Algérie » (Nabil Asli, comédien)
Le sitcom Dakious et Makious, le feuilleton ramadanesque le plus regardé sur les télévisions algériennes, a été interdit de diffusion pendant ce mois sacré, ont affirmé Nabil Asli et Nassim Hadouche, les deux personnages principaux de cette célèbre série humoristique dans une vidéo qui a été diffusée jeudi soir sur les réseaux sociaux.
Interrogé par Casbah Tribune sur cette interdiction, Nabil Asli, acteur connu pour son professionnalisme et son audace dans la création, a exprimé son étonnement de voir son travail censuré sans aucune explication. « Nous sommes vraiment étonnés et déçus, nous ne pensions même pas que nous allions être suspendus. Nous savons qu’il y a des choses qui peuvent déplaire mais pas au point que notre sitcom tant apprécié par le public algérien, ici et à l’étranger, soit censurée, » a-t-il indiqué à ce journal en ligne. M. Asli, commentant le scénario de Dakious et Makious, dit qu’il y est effectivement question de la « bande » mais il considère que, en tant qu’artiste, il est totalement libre d’aborder les sujets qui lui semblent pertinents tant qu’il reste dans le registre strict de l’art. « Nous avons parlé de “Issaba” (la bande), mais de manière artistique, sans aucune mauvaise intention. En connaissance de cause, nous nous sommes même adaptés à la réalité des choses, prenant nos dispositions durant le tournage et l’écriture du scénario de sorte, justement, à ne pas être censurés […] le tournage et la conception de cette nouvelle saison ont été faits bien avant les élections présidentielles et l’élection du président Abdelmadjid Tebboune (six mois avant), scénario que personne n’a encore lu, » a également déclaré Nabil Asli à Casbah Tribune en s’interrogeant sur les auteurs de la censure et en se demandant si le Président Tebboune était au courant de cette atteinte flagrante à la liberté de création.
Étonne, déçu mais déterminé, Nabil Asli dénonce la censure dont il est l’objet et exige des explications. « C’est la troisième fois que je suis victime de censure en tant qu’acteur et scénariste. Nous sommes réellement déterminés à lire la réponse à ce blocage brusque, par le biais d’un communiqué, de la part du ministère de la Communication. Je veux vraiment savoir qui nous a arrêtés : je me sens méprisé dans cette nouvelle Algérie, ainsi que les quelques 40 comédiens qui nous ont accompagnés : qui va les payer et pourquoi sont-ils privés tout comme nous de dévoiler leurs talents de comédiens et comédiennes ? Je peux vous avancer une estimation d’au moins 15 millions de téléspectateurs au minimum qui nous attendaient cette année, surtout avec le confinement. Je le constate sur le terrain, on m’interpelle dans toutes les villes et régions que j’ai visitées, » a-t-il affirmé.