Le Printemps berbère : genèse d’un événement fondateur
Dans son excellent ouvrage Algérie, citoyenneté et identité (Éditions Achab, 2010), le défunt Mohammed Brahim Salhi, sociologue et intellectuel engagé sans réserve dans les luttes politiques et la rénovation conceptuelle du champ sociologique algérien, considère que le printemps berbère est un événement fondateur. « Avril 80 a révélé que la citoyenneté telle qu’elle a émergé dans le mouvement national et a continué de fonctionner avec le même modèle après l’indépendance, doit changer de construction et tenir compte des diversités linguistiques et des libertés des individus. Je pense que le Mouvement 1980 a été un moment très important dans la reconstruction de l’approche de la citoyenneté dans notre pays, » écrit-il. Pour aider à reconstituer les moments phares de ce mouvement singulier, notamment en ces moments où la relecture de l’histoire du pays avec un regard moins décomplexé et plus audacieux, Algérie Cultures propose cette synthèse non-exhaustive de l’événement:
Septembre 1977 : l’université de Tizi-Ouzou ouvre officiellement ses portes. Les questions politiques, faisant échos à la révolution de novembre 1954 et à la révolte du FFS en 1963, la la langue et la culture berbères, exclues des programmes officiels, sont au centre des discussions entre étudiants.
Année universitaire 1979-80 : de violents conflits opposent les étudiants au FLN sur le mode de désignation de leurs délégués à différentes instances. Les autorités estiment que seuls les militants du parti unique pouvaient être candidats. Des grèves cycliques pendant tout le premier trimistre éclatent pour exiger que les représentants des étudiants soient élus démocratiquement.
Année 1979-1980 : le corps médical de Tizi-Ouzou emboite le pas aux étudiant et met en place une structure syndicale indépendante des autorités.
1979-1980 : le comité autonome des étudiants de l’Université de Tizi-Ouzou lance, en étroite collaboration avec quelques enseignants et néamoins militants de la cause berbère dont Hend Sadfi, Ramdane Achab, Said Domane et Said Khelil, un cycle de conférences.
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Le 10 mars 1980 (Matinée): Moulmoud Mammeri, qui venait de publier Poèmes kabyles anciens en France, est invité pour présenter son livre. Après avoir interdit de vente son livre en Algérie, les autorités interdisent sa conférence. Acommpagné par Salem Chaker, il n’arrivera même pas à l’université, son véhcule ayant été détourné par les autorités.
Le 10 mars 1980 (après-midi) : la nouvelle de l’interdiction de la conférence de Mouloud Mammeri se propage comme une traînée de poudre dans toutes les villes de Kabylie.
Le 19 mars : le corps médical de l’hopital de Tizi-Ouzou se réunit et décide d’ouevrer pour une prise en charge politique du mouvement. L’occupation de l’hopital en assurant un service minimum avec le soutien des paramédicaux est avalisée.
Entre le 10 et le 20 marrs : trois militants du FUAA dirigé par Maître Rachid Ali-Yahia à partir de Paris, sont arrêtés : Arezki Abboute, Mohand Naît Abdallah et Mokrane Chemime.
Le 4 avril : un appel expliquant les causes et les buts d’une nécesssaire protestation est lancé pour l’organisation d’une manifestation le 7 avril, à 10h00, à partir de la Place du 1er Mai à Alger.
Le 05 avril : sollicité pour appoerter son soutien à la marche en tant que président du FFS, Hocine Ait Ahmed répond qu’ « il ne faut pas exposer le parti pour des questions seconbdaires ».
Le 07 avril : entre 500 et 600 personnes répondent à l’appel et se regroupent à la place du 1er Mai à Alger, devant un déployement massif des forces de sécurité. La manifestation est brutalement reprimée.
Le 07 avril : les militants de l’émigration appellent à une marche de soutien au mouvement de protestation qui se mettait en place à Paris et condamnent la repression.
La mi-avril : toute la Kabylie, grâce aux travail de sensibilisations des étudiants, des syndicalistes et des militants, entre théoriquement en désobéissance civile. Eelle n’attendait que le signal fort pouir exprimer son rejet de l’ordre établi. Un appel à une grève générale le 16 avril est lancé à l’initiative de Said Sadi et de certains militants malgré les réticences de plusieurs militants et universitaires qui y voient « une erreur tactique ».
Le 16 avril : la Kabylie a repondu massivement à l’appel à la grève générale et tous les secteurs était totalement paralysés. À Alger, l’appel à la grève a été suivi partiellement faute de relais sur place.
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Le 18 avril : Ferhat Mhenni est arrêté à l’aéroport d’Alger.
Le 19 avril : les Instituts de Boumerdès et les travailleurs de Sonacome Rouiba organisent un rassembelement de soutien à la grève générale en Kabylie et aux revendications de reconnaissance des droits culturels et politiques des Algériens. La télévision algérienne présente ces deux rassemblements comme étant « des manifestations de soutien au Polisario »
La nuit du 19 au 20 avril : les cités universitaire sont prises d’assaut par les forces de l’ordre. Le lenddemain, les usines et les hopitaux, également. Environs 500 blessés dont des femmes. De plus, 24 personnes sont arrêtées et accsuées d’atteintes à la sûreté de l’État : Arezki Abboute, Saïd Sadi, Mouloud Lounaouci, Ali Brahimi, Said Khellil, Djamal Zenati, Arezki Ait Larbi, Ali chikh Ourabah, Aziz Tari, Gerard Idriss Lamari, Idir Ahmed Zaid, Rachid Hallet, Mohand Stiet, Rachid Ait Ouakli, Ahmed Aggoune, Mohand Ourabah Nait Haddad, Salah Boukrif, Mâamar Berdous, Achour Belghezli, M’hamed Rachedi, Mustapha Bacha, Mouloud Saadi, Kamal Benanoune, Chemim Mokrane.
Juin 1980 : libération des détenus grâce à la mobilisation populaire.
Août 1980 : tenue du séminaire de Yakouerene, ouvert à toutes les tendances progressistes, pour capitaliser les avancées du mouvement et affiner ses lignes directrices.