« Mammeri demeure une référence pour tout écrivain en tamazight » (Djamel Laceb, écrivain)
L’œuvre de Mouloud Mammeri constitue « une source d’inspiration, un déclic et une référence », ont considéré des écrivains dimanche à Tizi-Ouzou rencontrés à l’occasion des activités commémorant le 32e anniversaire de sa disparition.
« Tout dans la vie de Mammeri est source d’inspiration », soutient Akli Derouaz. L’homme, poursuit-il, « a consacré sa vie à ouvrir des pistes qui ont permis à des générations d’avoir une vision et de se situer sur tous les plans. »
Derouaz, rappellera à ce propos, « le courage de l’écrivain, qui s’est attaqué aux citadelles de l’empire colonial, et ses positions, lui ont valu d’être destiné à la potence avant d’être sauvé in extremis. » Il citera aussi les positions de Mammeri « très claires concernant l’indépendance de l’Algérie, la manipulation de la culture et de la langue et son opposition à tous les feux destructeurs des liens sociaux au sein du peuple algérien. »
En tant qu’écrivain, il souligne que Mammeri « n’est pas une source d’influence mais d’inspiration. » Il était « un passeur d’idées plongé dans les entrailles de la société algérienne, et du coup, on ne peut échapper à son esprit. »
Lynda Hantour, auteur en tamazight, considère, pour sa part, que Mammeri est « un déclic ». « Il y a chez chaque écrivain une part de l’influence de Mammeri qui constitue le déclic original, et ce, en montrant la possibilité de transposer notre culture orale dans l’écriture, mais aussi, la nécessité de le faire », a-t-elle soutenu.
A ce propos, a-t-elle noté, Mammeri « a été en avance sur son temps, il avait compris que l’oralité va être fatale pour les langues et anticipé le contexte actuel de mondialisation qui n’offre pas de place à la culture orale qui est menacée de disparition. »
Hantour, affirme, à ce propos, que son roman Isseflan n tudhert (Les sacrifiés de la vie), a été entamé en français avant d’abandonner et de se décider à l’écrire en tamazight suite à l’interpellation de certains amis.
Pour sa part, Djamel Laceb, qui a traduit le roman Le sommeil du juste de Mammeri en tamazight, ce dernier demeure « la référence pour tout écrivain en tamazight, étant celui qui a posé les premiers jalons et les règles, grammaticales et syntaxiques, de cette langue. » Son influence, ajoute-t-il, « est indéniable et nul ne peut s’y soustraire, car son œuvre, diversifiée et abondante, au-delà de son apport linguistique, interpelle aussi sur tous les aspects du vécu national. »