Campagne de port du voile : la revanche islamiste
Chassé par la porte, l’islamisme veut revenir par la fenêtre et, décidément, il y parvient sans trop de soucis.
Depuis le début du mois de juin, des étudiantes algériennes à l’Université d’Aïn Defla ont lancé des campagnes en faveur du port du voile, rassemblant dans les amphis des dizaines de femmes, pour les convaincre de « la nécessité » de « se couvrir le corps. »
Sous les applaudissements assourdissants des parents, ces jeunes étudiantes ont porté leur voile pour la première fois, avant de monter sur l’estrade et recevoir en cadeau le Coran et le voile intégral.
Ce phénomène a été également remarqué en Tunisie, dans la région de Montasir, où des femmes ont organisé une cérémonie baptisée Mon voile, ma couronne, en faveur de filles qui ont porté le voile pour la première fois.
Aux États-Unis, au Québec, les mêmes pratiques prennent de l’ampleur, mais cette fois-ci, ce sont les petites filles qui se font porter le voile. Peut-on parler d’enjeux politiques derrière ces campagnes qui se trouvent en déphasage total avec les principes du respect des libertés individuelles ? Le combat progressiste, démocratique, est-il en recul sur une question aussi importante qui a constitué son cheval de bataille durant plusieurs décennies ?
Dans ce sillage, la journaliste, écrivaine et militante d’origine algérienne Djamila Benhabib précise que « l’islam politique avance partout et les laïques peinent à s’organiser » et que, s’agissant des Etats, « aucun n’en a fait sa priorite, comme si le voilement des filles était anecdotique. » « Nous savons, du moins depuis la tragique expérience iranienne, que le voilement est la vitrine du projet de l’islam politique. La liberté de la tête n’est rien sans la liberté du corps », ajoute Djamila Benhabib.
Quant à Faouzia Charfi, elle souligne que « le combat progressiste est toujours d’actualité. » « Chacun le mène avec les armes dont il dispose. Ce n’est pas parce que notre société devient bigote que je me tairai et que je cesserai de défendre la laïcité », explique-elle.