« Skikda était une ville à très forte militance » (Mohammed Harbi, historien)
Le célèbre historien algérien, auteur de plusieurs ouvrages sur l’histoire de l’Algérie durant l’occupation française, est revenu dans le troisième épisode de ses entretiens filmés, intitulé Le Triomphe du populisme, vers la lutte armée, sur la place de la ville de Skikda dans la lutte anticolonialiste.
« Dernièrement il y a eu un ouvrage qui est paru, fait par un des hommes qui ont été responsables de la ville, Brahim Chergui, notamment agent de liaison de Ben M’hidi pendant la guerre. Il lui (Skikda) attribuait 2 000 militants, et près de 200 militants à l’organisation paramilitaire. Je crois qu’il a exagéré. Effectivement il y avait 2 000 militants mais ce n’était pas Skikda seulement, c’était l’ensemble de la sous-préfecture, c’est-à-dire Skikda est les villages environnants », a expliqué Mohammed Harbi.
Pour l’historien algérien « le gros et le plus actif » du mouvement militant se concentrait dans la ville. « Pour éviter cette peur du notable, les groupes plébéiens formaient des éléments de choc et descendaient dans les villages lors des élections pour éviter que les notables, qui avaient des hommes de main, ne puisse agir sur la population et faire régner un climat de peur », a-t-il rappelé, ajoutant qu’à partir de cet ensemble d’actions, datant de 1945, les notables commençaient « sérieusement » à perdre de l’influence. « Ils étaient insultés dans la rue, ils étaient désignés du doigt », a-t-il précisé.
Revenant sur une spécificité de la lutte dans la ville de Skikda, Mohammed Harbi a souligné que les militants de cette ville demandaient à ce que les lycéens soit mêlés au mouvement local. « Nous ne nous formions pas comme cela a été le cas dans un certain nombre de villes, un groupe à part. Certes, nous étions un groupe à part comme lycéens, mais en même temps on était recueillis pour diffuser le journal, des tracts, des inscriptions murales ; c’est ainsi qu’un de nos camarades avait été arrêté et sévèrement bastonné. Lors de cette bastonnade, il a invoqué l’autorité de Voltaire, l’affaire Calas etc. Le professeur de français qui nous avait parlé de cette affaire Calas et de la torture, avait été interpelé par la sous-préfecture et donc tout le lycée étaie en émoi », raconte-t-il.