« La culture sera notre prochaine devise après le pétrole » (Malika Bendouda, ministre de la Culture)
Dans un entretien qu’elle a accordé au quotidien Liberté, la ministre de la culture, Malika Bendouda, a fait des déclarations assez fortes, qui laissent entendre qu’une politique de rupture sera mise en place dans les mois à venir pour sauver le secteur de la culture.
Mme Bendouda a en effet, contrairement à ses prédécesseurs qui ont toujours préféré disserter sur « les points positifs », franchement assumé la situation pour le moins déplorable dans laquelle se débat le secteur. À la question de savoir comment va la culture en Algérie, elle répond sans artifices : « Ces dernières années, le secteur de la culture a bénéficié de pas mal d’infrastructures, de projets, de théâtres… mais malheureusement, cela n’a pas été suivi par un lancement véritable de l’action culturelle en Algérie. »
Bien que arrivé à la tête du ministère de la Culture à une période lourdement marquée par la pandémie du coronavirus, Mme Bendouda dit avoir profité de cette situation pour mettre de « l’ordre », et affiner « sa vision ». « En tant que philosophe, j’ai ma propre conception de la culture. C’est celle qui a pour ambition de tirer la société vers le haut et puis de reconnaître son identité, son être, sa raison d’être aussi. Je pense que la culture est un facteur d’épanouissement et de développement. Notre héritage culturel et notre histoire qui remonte à 2 millions d’années, est porteur d’une grande et riche culture. Elle est aussi très diverse », a-t-elle indiqué en précisant que son projet consiste à traduire cette vision sur le terrain.
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Plus concrètement, Mme Bendouda a affirmé que le secteur culturel peut-être d’un apport incommensurable à l’économie du pays. « Je pense que l’Algérie a raté pas mal d’occasions pour faire valoir son patrimoine culturel, parce que la culture peut être source d’un grand investissement économique qui peut donner un rendement important, qui sera peut-être notre prochaine devise après le pétrole. » Pour atteindre cet objectif, la ministre de la culture s’est fixée des priorités : « Premièrement, je pense à réconcilier l’Algérien avec sa propre culture, j’ai envie de démocratiser la culture et qu’elle soit à la portée de tout le monde, d’aider les jeunes surtout à trouver leur place, à montrer ce qu’ils savent faire. Je pense surtout engager certaines réformes, notamment dans le théâtre et le cinéma. Et le plus grand chantier est celui du livre, le maillon faible, et je tiens vraiment à ce que la réforme soit bientôt mise en place. »
S’agissant du blocage de la chaîne du livre en raison du confinement induit par la pandémie du coronavirus, la ministre de la Culture a fait savoir qu’une réflexion est en train d’être menée pour aider les éditeurs. « Concernant les retombées de la Covid-19, on propose des mesures d’aide aux éditeurs et c’est à eux de trouver des solutions. D’ailleurs, nous avons reçu pas mal de propositions, nous sommes dans la réflexion, nous pensons mettre en place certaines mesures. Nous n’allons pas les aider directement, nous allons leur donner plus d’opportunités à commercialiser le livre, » a-t-elle indiqué.