Le Ministère de la Culture renoue avec l’opacité
La ministre de la Culture Malika Bendouda a envoyé des invitations personnelles à des écrivains algériens pour participer à une résidence de création financée par des fonds publics le 08 juin sans passer par les procédures en cours au niveau de toutes les institutions dans le monde. En effet, alors que ce genre de manifestations se fait sur la base d’un appel à candidature public qui précise les critères participation et de sélection ainsi que les conditions et les délais, la liste des écrivains invités par le ministère de la Culture a été arrêtée dans l’opacité la plus totale. En effet, aucune annonce de cette activité n’a été faite, même pas sur le site du ministère de la culture.
Sur les lettres d’invitation nominatives, il est écrit que les concernés ont été choisis pour leurs « compétences et talents ». Mais qui a décidé que tel écrivain et compétent et talentueux et tel autre ne le serait pas ? Quel sont les critères objectifs de cette sélection ? Quels sont les objectifs recherchés à travers cette résidence de création ?
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Ammar Kessab, expert en management culturel, estime que cette façon de procéder est « scandaleuse ». « Le ministère de la Culture est en train de revenir aux anciennes méthodes contre lesquelles le peuple algérien s’est révolté en favorisant les procédés opaques dans la gestion du secteur. La ministre ne doit pas oublier qu’elle est une employée au service des créateurs, rien de plus, rien de moins, et que l’argent qu’elle dépense appartient aux Algériens et que, à ce titre, elle est tenue de leurs rendre compte. Elle n’a pas le droit de l’utiliser à sa guise, » a-t-il affirmé en soulignant qu’il nécessaire « d’annuler les invitations envoyées et d’ouvrir la porte à tous les écrivains algériens dans cette résidence créative, tout en fixant des critères précis et transparents dans la sélection de la liste des écrivains bénéficiaires. »
Un document officiel bourré de fautes
Ceci dit, en plus de cette démarche empreinte d’opacité, la ministre de la Culture, Malika Bendouda, a apposé sa signature sur un document bourré de fautes d’ortographe. En effet, la lettre envoyée aux écrivains dans le cadre de cette résidence de création, écrite en arabe et portant l’en-tête du ministère de la Culture., contient au moins dix fautes. L’écrivain arabophone Al Habib Sayah, scandalisé par cette affaire, a réagi sur sa page Facebook en rappelant que c’est la première fois qu’une telle chose arrive en Algérie: « Je n’ai jamais été militant de la langue arabe ni d’une quelconque autre langue mais ce qui arrive à l’arabe, dans un document officiel, que je lis et dont j’écris est une première dans l’histoire de l’administration algérienne. Que se passe-t-il? »