L’historienne Guechi lance le débat sur la présence ottomane en Algérie
Si le sujet de la présence ottomane en Algérie provoque la controverse parmi les Algériens, il fait aussi polémique parmi les universitaires. Dans une interview consacrée à ce sujet parue aujourd’hui dans le quotidien algérien El Watan, l’historienne Fatima-Zohra Guechi, auteure de plusieurs ouvrages sur l’empire ottoman, souligne que l’Algérien lambda connaît très peu de choses sur cette époque historique marquante et, dans la foulée, nie l’aspect colonial de la présence ottomane en Algérie
En effet, pour Fatima-Zohra Guechi, la présence des Ottomans en Algérie n’est pas une colonisation alors qu’une bonne partie de l’opinion algérienne pense le contraire en tenant compte des multiples révoltes et répressions qui ont jalonné le rapport entre les Algériens et les représentants de la Sublime Porte en Afrique du Nord. « La présence ottomane ne peut être considérée comme colonialiste. Les Ottomans n’avaient pas la velléité de conquérir un pays pour assujettir son peuple et en exploiter ses richesses au profit de l’Etat conquérant, avec une idéologie ‘’suprémaciste’’ et raciste. Ils ont introduit le rite hanafite sans l’imposer, la langue osmanli étant limitée à l’administration centrale, même si les gouvernants (allogènes) et leurs soutiens bénéficiaient de privilèges indus. ‘‘On se révoltait contre les Turcs, mais on priait pour le Sultan de l’Islam», comme le dit l’historien Lemnouer Merouche, » a-t-elle déclaré à El Watan.
Fatima-Zohra Guechi pense également que « les héros ottomans » à l’image des « Berberousse », se sont imposés à tous par le courage, la bravoure, en mer et sur terre. « Sollicitée par les Andalous, depuis la chute de Grenade en 1492, ensuite par les chefs autochtones des zones côtières pour contrer l’occupation des ports par les Espagnols au début du XVIe siècle, l’intervention ottomane est une réponse à un contexte géopolitique méditerranéen. Une fois au pouvoir, il fallait composer avec les forces en présence pour étendre leur influence sur l’intérieur du pays, au nom de la Sublime porte et constituer un État dans l’Empire, » argumente-t-elle dans ce sens.
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S’agissant du brouillage des sentiments des Algériens envers les Ottomans quant à leur statut de colonisateur ou porteur de l’islam, l’historienne considère que « la communauté de religion atténue les ressentiments des Algériens envers les Ottomans qui ont, par ailleurs, circonscrit le territoire algérien sous leur autorité durant trois siècles. »
En jetant ainsi un pavé dans la mare, Fatima-Zohra Guechi a suscité une folle polémique sur les réseaux sociaux où les internautes expriment des avis scandalisés sur cette opinion en considérant que l’aspect colonial de la présence turque en Algérie est indiscutable. Mais, en dehors des réactions à chaud qui enflamment la Toile, aucune voix scientifique ne s’est jusque-là prononcée pour cautionner ou discuter les propos de Mme Guechi.
Vous passez sous silence le million et demi d’esclaves chrétiens vendus sur les marchés sous la régence d’Alger et l’indifférence des Turcs à l’égard des populations pourvu qu’elle paient l’impôt, laissent passer les troupes et ne se mêlent pas des affaires de l’état. Les ottomans , chaque année partaient d’Alger vers la porte sublime les cales des bateaux pleines d’or et de marchandises ainsi que des esclaves berbères sexuelles en cadeau d’allégeance au calife ottoman.