Au cœur de « la civilisation du couvre-feu »
Pianiste, compositeur, animateur, humoriste, chroniqueur, mais aussi visionnaire belge. Marc Moulin a pressenti en 2003 la crise sanitaire qui frappe de plein fouet le monde entier depuis une année.
Dans son texte intitulé La Civilisation du couvre-feu, la prédiction de Marc Moulin s’est révélée totalement miraculeuse. « Je nous vois déjà dans 20 ans. Tous enfermés chez nous. Claquemurés (j’adore ce verbe, et ce n’est pas tous les jours qu’on peut le sortir pour lui faire un petit tour). Les épidémies se seront multipliées : pneumopathie atypique, peste aviaire, et toutes les nouvelles maladies. Et l’unique manière d’y échapper sera de rester chez soi », a-t-il écrit il y a 17 ans.
La raison se montre aujourd’hui incapable de décrire l’origine du degré d’exactitude des prédictions de Marc Moulin, qualifiant les confinés de « nouveaux prisonniers ». Mais qu’en est-il du travail et des écoles ? « Grâce au télé-travail qui nous permettra de bosser à la maison tout en gardant les enfants (qui eux-mêmes suivront l’école en vidéo-conférence). Grâce à Internet qui nous épargnera bien des déplacements: on n’aura plus besoin ni de poster les lettres, ni d’acheter un journal «physique», ni d’aller faire la file dans les administrations » a-t-il écrit sans manquer le détail de la nourriture qui nous sera livrée après « des commandes à domicile. »
Par ailleurs, le statut du citoyen allait changer. « Nous serons des citoyens disciplinés, inoffensifs, confinés, désocialisés. Nous serons chacun dans notre boîte. Un immense contingent de «je», consommateurs inertes. Finie l’agitation. Finie la rue », a-t-il expliqué.