« Turpitudes…réinventées » ou ce qui reste dans nos mémoires.

Turpitudes…réinventées est un recueil de nouvelles de Tarik Uyasin, édités par les éditions APIC en 2021.

Des nouvelles en petites histoires comme de l’écume des jours que les flots de l’oubli n’ont pu effacer de la mémoire.

Menées d’une plume alerte, les histoires racontées dans ce livre exaltent, ne serait-ce que parce qu’elles touchent, toutes ou presque, aux abimes de l’oubli, à la limite pour ainsi dire, de leur propre disparition dans le versant sombre de la mémoire, là où se délitent les souvenirs.

Akli, Jean baptiste, Kaci, Mhand, Med, Djamel et d’autres personnages s’animent pour quelques péripéties, parfois pour un idéal, la culture berbère, la liberté, d’autres fois pour une description banale ou d’une mésaventure de vie.

Un univers exagérément innocent face à l’Histoire, la grande, elle, implacable. Le tout parfumé aux effluves de la mer, aux ruines anciennes romaines, à l’architecture coloniale…Tigzirt et tous ses (errements de Zman). Tigzirt, la ville qui se dérobe dans la brume de nos oublis, qui nous nargue de loin, de plus en plus loin. Oui, cette ville ainsi que le temps, font échos à toutes ces quêtes, à toutes ces pérégrinations des différents personnages comme d’un voyage mythique dans cette cité d’autrefois ou dans celle qui reste dans les mémoires.

Les phrases s’égrènent en vagues successives, parfois lapidaires, d’autres fois longues à perdre le souffle, mais toutes donnant la prééminence à l’anecdotique. Les histoires jouent le plus souvent avec la nostalgie, voire avec une certaine déréliction tant on ressent les mots telle une oraison funèbre d’une certaine époque perdue. Les lieux sont évoqués avec brièveté. Le port, la mairie, la colonne romaine faisant face à l’état civil…ils sonnent un peu comme s’il sont outragés par le destin. Des lieux non seulement servant à abriter des pans de vies mais ils révèlent des histoires et pondent des vérités. Comme dans « murs et chuchotements » par exemple, un rêve où s’associe savamment le réel et le surnaturel, lui conférant une dimension fantastique où règne fascination, mystère en même temps que, quelque chose qui lui donne ce statut de réalité. Un statut qui suggère derrière toutes les métaphores du texte, un univers de référence, de certitudes même.

La guerre de libération, les lendemains désenchanteurs, le phénomène de « harraga », des thèmes qui marquent chaque époque, qui s’appuient sur le langage de chaque génération. Des thèmes différents mais qui sont marqués par une certaine unité d’écriture. Le lecteur s’embarque à travers quelques allégories dans un monde de souvenirs. Un monde qui ne fait que tourner sur lui-même parce qu’il s’interdit toute philosophie, toute tentative de tirer une moralité.

Certains personnages également qui ne peuvent échapper au lecteur de la région rythment le récit. Ils agissent comme révélateurs d’un monde réel caché derrière la brume de la fiction et la subtilité du langage.

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