« Français et Algériens attendent une excuse définitive de la part de la France » (J-P Lecoq, député français)

Nombre de Français et d’Algériens sont en « attente d’une excuse globale et définitive » de la part de la France, soutient, mercredi, le député français et membre du Parti communiste français (PCF), Jean-Paul Lecoq, déplorant la politique « des petits pas » menée par la France sur la question mémorielle en Algérie.

« Les relations entre la France et l’Algérie sont très complexes, mais doivent être remises à plat une bonne fois pour toutes. L’idée portée par le Gouvernement français ne va pas assez loin. Si le rapport de Benjamin Stora est très intéressant, il ne constitue pas en tant que tel, une réponse à la complexité de nos relations. Beaucoup de Français, et, je pense, d’Algériens attendent une excuse globale et définitive de la part de la France », a déclaré J-P Lecoq dans un entretien exclusif à La Patrie News.

Ce pas, a-t-il ajouté, « permettrait d’avancer enfin ensemble, de se réconcilier et de construire une relation saine, tournée vers le futur, mais qui n’ignorerait plus les blessures et les séquelles du passé », assurant que « la réconciliation franche ne pourra être faite qu’à cette condition. »

Tout en rappelant qu’ « en 132 ans de présence coloniale en Algérie, la France a fait subir aux Algériens les pires supplices », le député de Seine-Maritime a estimé qu’eu égard à ce passé fait de « pans entiers liés à la torture, aux disparitions forcées, aux crimes contre l’humanité et massacres, la page est impossible à tourner. »

Interpellé sur la reconnaissance de la « responsabilité » de la France dans l’assassinat, en 1957, de l’avocat Ali Boumendjel, le militant communiste qualifie la stratégie du président Macron sur la question mémorielle en Algérie  de « politique des petits pas », arguant de « l’absence » de remise en question globale et d’excuse quant à la colonisation française en Algérie.

Tout en faisant état de « gestes localisés et précis sur telle ou telle affaire » de la partie française, J-P Lecoq explicite encore : « Certes, ces gestes sont importants pour l’apaisement des relations algéro-françaises, mais au fond, ce que je redoute, c’est que tant que l’on ne remet pas en cause la colonisation et ses effets de manière globale, on sous-entend qu’il y a eu du positif dans la colonisation, ce que les communistes ont toujours refusé de croire. »

Et de rappeler que M. Macron avait fait la « promesse » d’une reconnaissance qui ne serait pas « un acte isolé », tout en adoptant une « stratégie de reconnaissance sujet par sujet, geste après geste, qui lui permet d’avancer doucement sans remettre en cause, de manière totale, la colonisation et son système d’oppression raciste ainsi que l’exploitation d’une main-d’œuvre considérée comme inférieure. »

« En tant qu’anti-impérialistes, les communistes ont toujours refusé la colonisation d’un pays par un autre, et c’est aussi l’une des racines de mon engagement pour l’autodétermination et la liberté du peuple sahraoui », relève-t-il, avant de commenter la récente décision du président français de « déclassifier » les archives de plus de 50 ans : « Comme je l’indiquais, Emmanuel Macron mène une politique de petits pas, mais loin de moi l’idée de considérer que ces derniers sont inutiles. Je milite pour la transparence de tous les Etats, et j’accueille toute déclassification de documents comme un événement positif qui va permettre aux chercheurs et aux personnes concernées de mieux comprendre certaines zones d’ombres du passé. »

A la question de savoir pourquoi ce n’est que sous la présidence d’Emmanuel Macron que la « restitution de l’histoire de l’Algérie commence à avoir gain de cause », M. Lecoq est d’avis que « la question de la colonisation commence à devenir un sujet de plus en plus historique et donc de moins en moins vécu directement ». Cela, explique-t-il, « au sens où la génération qui a vécu la Guerre d’Algérie s’éteint progressivement, laissant la place à une génération qui ne l’a pas vécu directement. »

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