Gisèle Halimi s'est éteinte à 93 ans

La célèbre militante anticolonialiste et féministe dont l’histoire se confond merveilleusement avec celles de toutes les grandes causes justes ayant marqué le siècle dernier, s’est éteinte aujourd’hui, 28 juillet, à l’âge de 93 ans, au lendemain de son anniversaire.

Gisèle Halim, ayant milité pour l’indépendance de la Tunisie et pour celle de l’Algérie, a également dénoncé la torture pratiquée par l’armée française et  présidé une commission d’enquête sur les crimes de guerre américains au Vietnam. Militante farouche pour le droit d’avortement, elle a entre autres signé le « Manifeste des 343 », dit « des 343 salopes », paru le 5 avril 1971 dans « le Nouvel Observateur », à coté de femmes ayant eu le courage d’affirmer publiquement, malgré la chape de plomb qui pesait sur elles, qu’elles s’étaient fait avorter. Elle a également pris, en tant qu’avocate engagée, l’affaire d’une jeune fille française de 16 ans, qui avait avorté après avoir été violée en 1972, affaire qui a fait scandale à l’époque.

Pour les Algériens, elle est surtout connu pour avoir été avocate des militants du FLN, et défenseuse d’accusés algériens, torturés et condamnés au procès d’El Halia, Philippeville (Skikda) et Constantine. Les Algériens la connaissent aussi pour avoir, en 1960, assuré la défense de Djamila Boupacha, militante du Front de libération nationale algérien, accusée d’avoir déposé une bombe à Alger, violée et torturée pour lui arracher des aveux.

De son vrai nom, Zeiza Gisèle Taïeb, Gisèle Halimi, née le 27 juillet 1927 à La Goulette (Tunisie), d’une mère juive, Fortunée Metoudi, et d’un père d’origine berbère, Edouard Taïeb, a marqué le siècle par son engagement et sa flamboyance. Sa première grande dissidence remonte à l’âge de 13 ans ; elle s’engage dans une grève de la faim pour protester contre les obligations qu’on lui impose dans son milieu traditionnel conservateur. Après des études au lycée de jeunes filles de Tunis, à la Faculté de droit et de lettres de Paris et à Sciences-Po, elle entre au barreau de Tunis en 1949 et poursuit sa carrière d’avocate à Paris.

Mariée à Paul Halimi, administrateur civil au ministère de l’Agriculture, dont elle gardera le nom, elle se remarie avec Claude Faux, ancien secrétaire de Jean-Paul Sartre, dont elle a été l’amie et l’avocate. Elle auteure de plusieurs livres dont Djamila Boupacha (en collaboration avec Simone de Beauvoir), La Cause des femmes, Avortement, une loi en procès, la Nouvelle Cause des Femmes, Ne vous résignez jamais, etc., ainsi qu’un remarquable livre-entretiens, Parcours d’avocat(e)s, réalisé avec Christophe Perrin et Laurence Gaune en 2010 dans lequel elle relate sa trajectoires d’avocate engagée.

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