Le 8 mai 1945, une date déterminante dans la préservation de la mémoire nationale

Le 8 mai 1945, alors que les Français célébraient la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie marquant la fin de la Seconde guerre mondiale, des dizaines de milliers d’Algériens étaient sortis dans les rues de Sétif, Guelma, Kherrata et dans d’autres villes pour revendiquer pacifiquement l’indépendance de l’Algérie, ainsi que l’avait promis la France s’ils la soutenaient dans son combat contre le nazisme. La réponse du gouvernement français d’alors fut sanglante, d’une brutalité inouïe : de nombreux Algériens furent massacrés par les forces coloniales et leurs milices.

Ces massacres ont constitué un tournant décisif dans la trajectoire du mouvement national et la prise de conscience que seule la lutte armée pouvait libérer l’Algérie du joug colonial.

En effet, lors de l’examen en Conseil des ministres de l’avant-projet de loi instituant la journée du 8 mai comme « Journée de la mémoire », le chef d’état Abdelmadjid Tebboune a affirmé que l’intérêt accordé à la mémoire nationale sous tous ses aspects n’était pas motivé par des considérations conjoncturelles, mais qu’il s’agissait d’un « devoir national sacré ne tolérant aucun marchandage et qui restera en tête des préoccupations de l’Etat. » Il a souligné également que l’Algérie et la France devaient affronter le problème de la mémoire qui « hypothèque beaucoup de choses dans les relations bilatérales. »

L’objectif n’est cependant pas une écriture commune de l’histoire. Le directeur général des Archives nationales, en charge du dossier de la mémoire, Abdelmadjid Chikhi, a déclaré sans ambigüité que l’écriture commune de l’histoire entre les deux pays « n’est ni souhaitable, ni possible », tout en formulant le vœu que des avancées soient réalisées, notamment la reconnaissance par la France des crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis pendant la colonisation.

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Du côté français, l’historien Benjamin Stora a remis, en début d’année, à la demande du président Emmanuel Macron, un rapport sur la question de la mémoire, dont le contenu est apparu, de l’avis de nombreux d’observateurs, « en deçà des attentes. »

Le dossier de la mémoire renferme également les questions des essais nucléaires dans le Sud algérien, la restitution des archives et les disparus durant la Guerre de Libération (plus de 2.200).

Sur le premier point, la position de l’Algérie est que la France doit « assumer ses responsabilités historiques » à travers la décontamination des sites des essais nucléaires effectués dans le Sahara algérien et l’indemnisation des personnes souffrant de pathologies conséquentes à ces essais (cancers de tous types, malformations congénitales et stérilité dus à la radioactivité).

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A propos de la restitution des archives, Abdelmadjid Chikhi a indiqué que l’Algérie réclamait la « totalité » de ses archives transférées en France, car faisant partie de son Histoire.

Il est nécessaire de rappeler aussi qu’en juillet dernier, l’Algérie a récupéré les restes mortuaires de 24 résistants algériens restés 170 ans conservés au Musée d’histoire naturelle de Paris.

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