L’hommage de Said Sadi à Lakhdar Bourgâa

La mort du moudjahid Lakhdar Bouragâa, commandant de la wilaya IV historique et figure incontournable de la Révolution du 22 février 2019, n’a pas laissé le peuple algérien indifférent, d’ailleurs la foule nombreuse qui l’a accompagné jusqu’au cimetière  de Sidi Yahia en témoigne.

De son côté, le militant et écrivain algérien Said Sadi n’a pas manqué le rendez-vous, rendant ainsi hommage au défunt dans un post sur sa page Facebook intitulé Bourgaâ, un homme du peuple. Un post où il a été notamment écrit, « Ainsi donc, ce que n’ont pas pu faire les opérations de la quatrième armée du monde et les abus d’un système autocratique, vient d’être commis pas un misérable virus. » « Lakhdar Bouragâa part après avoir vécu en homme libre. Peu instruit, il était cependant curieux de tout. Je l’ai souvent reçu à mon bureau où il venait échanger. Je le vois encore commenter l’actualité avec passion », a écrit Said Sadi, se délectant de ses souvenirs avec le défunt.

Par ailleurs, Said Sadi voit en Lakhdar Bouragâa une spontanéité et une affection incommensurables, « en politique Bouragâa ne calculait jamais. Il fonctionnait à l’affect. Ce que certains de ses compagnons voyaient comme de l’instabilité était en réalité de la spontanéité », a-t-il souligné, mettant l’accent sur ses engagements sincères et sa morale digne d’une figure historique, « l’ancien baroudeur qui n’avait pas d’ambitions, avait cependant une morale : ne jamais aller à contre-courant de ses intuitions, quitte à devoir évoluer par la suite », a-t-il ajouté dans ce sens.

S’agissant de ce qu’a menés Lakhdar Bouragâa comme combats, Said Sadi a expliqué dans  une brève évocation que sa vie « est un condensé de l’Histoire de notre pays. Paysan écrasé par le joug colonial, il a su faire du combat contre l’injustice une école de la liberté. A l’indépendance, il se rangea naturellement du côté des mouvements se dressant contre l’arbitraire. Avec l’avènement du multipartisme, il fréquenta les acteurs qui préconisaient l’alternative démocratique. A la fin de sa vie, il dut affronter à titre personnel ce que le peuple subissait en tant qu’entité collective : l’humiliation. Pour se venger de son implication dans l’insurrection citoyenne, le pouvoir alla jusqu’à le faire passer pour un escroc qui aurait usurpé son statut d’officier de la guerre de libération. »

Finalement, se penchant sur l’apport inestimable du combat de Bouragâa, Said Sadi a rappelé que son parcours reflète notre histoire tragique, « avec sa ferveur, ses fragilités et sa sincérité.» « Il va nous manquer, repose en paix Aami Lakhdar. Tu as fait ce que doit faire tout citoyen fidèle à lui-même et son peuple : se battre jusqu’au dernier souffle. Nous ne t’oublierons pas », a-t-il conclu.

Pour rappel, Said Sadi a également dédié son avant-dernier ouvrage intitulé Révolution du 22 février : Un miracle algérien, à Lakhdar Bourgâa et Samira Messouci: « A Lakhdar Bourgâa, actif malgré les désillusions. A Samira Messouci, icône d’une jeunesse insoumise. A toutes celles et ceux qui ont osé la dignité. »

 

 

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