Neta El Kayam revisite brillamment le chant judéo-marocain
La célèbre chanteuse et interprète judéo-marocaine Neta El Kayam ne cesse depuis quelques années d’enchanter les mélomanes maghrébins, notamment ceux passionnés de leur tradition musicale multiculturelle.
En effet, après avoir interprété plusieurs chansons au sein de Jerusalem Orchestra, Neta El Kayam a récemment réalisé une nouvelle version des trois chansons issues de la tradition judéo-marocaine, entre autres, Hak Amama, (Tiens ma beauté !), Mouhal Nensa (Impossible que j’oublie), Muima (Maman).
Produites par Estwanat Hai, les chansons en question reproduisent avec fulgurance la nostalgie du vivre-ensemble qui unissait les peuples de différentes religions et origines dans un Maroc paisible et tolérant, mitoyen d’une Andalousie pendant des siècles, berceau d’une splendide civilisation.
Dans Hak Amama, le texte oralement transmis raconte l’histoire d’un marchand de soie qui vivait entre Marrakech et Fès. Pris dans l’étau des traditions puritaines qui ne lui permettaient pas de se marier avec une femme en dehors de sa tribu, l’exogamie étant alors interdite, le marchand fut tombé amoureux de la fille d’un autre commerçant qui lui était venu au secours alors qu’il se retrouvait déboussolé dans la contrée étrangère. La chanson évoque tragiquement l’amour qu’il portait à sa « mahbouba » et sa conscience de ne jamais pouvoir l’épouser. Cette histoire, érigée en une épopée emblématique de l’amour impossible par la tradition poétique au Maroc, a marqué la culture marocaine et représente un référent incontournable dans le patrimoine melhoun du Maghreb.
Quant à Mouhal Nensa, le texte reproduit la nostalgie qui brûle les âmes des amoureux, décrivant la peine infligée par la séparation et le manque.
Dans Muima, la mère occupe une place importante dans chaque vers. Elle est convoquée par tous les mots et exprime à la fois la tendresse et la perte de cet être chère à toutes les créatures.
Pour Neta, le Maroc « réincarne les ancêtres qui tiennent les files de l’identité et la double appartenance judéo-marocaine. » « Le Maroc est aussi le meilleur exemple de la coexistence entre les religion et les cultures », explique-t-elle.