Palestine trahie
Une terre à peine plus grande qu’une province, a fait couler plus sang, d’encre et de larmes, qu’un continent. Un peuple que toutes les résolutions, votées par les grands et les petits Etats, n’ont pas réussi à rétablir, dans son simple droit à l’existence et qui continue à se battre, au prix de son suicide, pour faire entendre sa voix à la surdité aussi bien de ses frères que de ses ennemis. Passé sous contrôle de l’empire ottoman depuis 1516, puis sous mandat britannique en 1919, cette terre d’Histoire, a été piétinée par la déclaration de Balfour de 1917 promettant au « peuple juif », l’établissement d’un foyer national. Au moment où la Grande Bretagne promettait aux Arabes l’indépendance de la Palestine d’une main, elle les écrasait de l’autre, lors des révoltes de 1936 à 1939. L’implantation massive des Juifs, fuyant les persécutions européennes et l’extermination, de plus de six millions des leurs, par le nazisme, s’est fait par l’achat à leur profit exclusif des terres. En 1947 vivaient sur cette partie du monde 69% d’Arabes dont les Chrétiens et 31% de Juifs. Les Chrétiens, ont toujours été comptabilisés sur les mêmes registres que les Musulmans, jusqu’au voyage de Jean Paul II, qui a vainement tenté de les en séparer, pour sauver l’église du conflit. Une hypocrisie et un mensonge de plus dans l’Histoire du Vatican. Le plan de partage proposé par la résolution 181 du 29 Novembre 1947, d’une ONU fraîchement sortie du costume étroit de la Société des Nations n’aurait pas été accepté par les gouvernants arabes. Après une guerre qui a provoqué l’exil de 300 000 Palestiniens et qui s’est terminée comme celles qui l’ont suivi, par la victoire juive, le travailliste et sioniste convaincu Ben Gourion proclame la naissance de l’Etat d’Israël le 15 Mai 1948, avec la bénédiction des vainqueurs de la deuxième guerre mondiale. Entre 1947 et 2002, pas moins de 3 résolutions de l’assemblée générale et 6 émanant du Conseil de Sécurité ont porté sur les « droits inaliénables du peuple palestinien » résolu quand à lui à poursuivre seul, son chemin vers la libération de son pays. « Fine el ârab fine, fine el malayine » scandait du fonds de sa chaleureuse voix, la chanteuse Julia Boutros lors de la guerre du Golfe. La nation arabe, qui se dit unie par la religion et la langue, est en vérité désunie à son nez, aplati par la botte de ceux qui n’ont pas passé leur temps à discourir dans les portes voix. Malheureusement, elle le restera tant qu’elle cloisonnera les énergies dans l’entonnoir de l’incompétence à créer des Etats forts. Le drame palestinien vient de ce que les fonds arabes, provenant des richesses naturelles, sont déposés dans le circuit bancaire sous contrôle précisément d’Israël, via la diaspora juive, qui a aussi la main mise sur l’information dans le monde. Cette information, qui est devenue un véritable pouvoir technologique et ce n’est pas l’imitation de satellites à l’image de petites poubelles ménagères, achetées au prix fort, qui l’influencera. L’orgueil n’a de sens que si les bras cassés, qui s’imposent par la force et l’humiliation, sont chassés des palais sur misère pour voir enfin revenir à la surface des valeurs de respect envers ceux qui peuvent rendre l’équilibre possible. Des gouvernants que le poids physique et la rondeur défiant l’aérodynamique laisse présager l’accouchement par forceps de leur stérilité. Des gouvernants jouisseurs qui ont permis et même encouragé la radicalisation de l’intégrisme religieux dans lequel une jeunesse qui n’a rien à envier en intelligence à celles de l’Occident, mais qui a perdu tout espoir, s’est reconnue. L’enfant Mohamed dont l’assassinat par Tsahal en direct a fait le tour du monde suscite encore, chez les « enfants de la pierre », un désir plus grand du martyre et leurs mères mobilisent leurs ventres pour en faire beaucoup plus. La vie est belle dans la dignité mais la mort avec honneur lui est préférable. Le feu n’a pas enfanté de cendre en Palestine, il a ravivé la flamme de la liberté et remis en cause la « démocratie théocratique » des Israéliens en démontrant ses limites. En démontrant que le cirque des estuaires, d’une Ligue arabe n’amuse que ceux qui y croient encore et ils sont de moins en moins nombreux. Les intérêts se sont clarifiés et le souvenir des Scuds lancés sur Tel Aviv reste vivant dans la mémoire des réfugiés d’El Boqaa près de Amman. Voilà pourquoi la population palestinienne a soutenu Saddam, qu’il soit ou non dictateur, voilà pourquoi des brigades de volontaires arrivent à Baghdad pour la défendre durant la guerre. Que les Américains sortent vainqueurs et que les Israéliens, les Saoudiens ou Koweitiens soient satisfaits, là n’est pas le problème. Seul compte la sculpture de repères qui serviront à faire entendre la voix des Palestiniens, à un monde qui devra compter avec eux, précisément parce qu’ils ont construit dans l’exil et la douleur un Etat, réellement démocratique. Cela constitue l’arme principale contre Israël. Une arme aussi fatale que la pierre et le fusil. Et la Palestine, retrouvera alors le destin contenu dans le nom que lui avaient donné les philistins : Phalaeistine qui veut dire « internationale ».