Parution de « La Cantera, il était une fois Bab El Oued » de Mahdi Boukhalfa
L’histoire de l’un des quartiers emblématiques d’Alger, Bab El Oued, sa création, le mode de vie qui y régnait de la période coloniale aux années 1980, ses stades, plages et salles de cinéma constituent le dernier récit de Mahdi Boukhalfa publié récemment sous le titre La Cantera, il était une fois Bab El Oued.
L’auteur revient sur la création de ce quartier, aux premières années de la colonisation française, par des espagnols, des maltais, ou encore des italiens qui s’étaient installés dans des baraquements au pied d’une carrière, qui deviendra vers 1900 l « carrière Jaubert », et qui ont fondé la Cantera, carrière en espagnol.
Il revient sur sa jeunesse dans le quartier et sa scolarisation au lycée de l’Emir Abdelkader qui a vu passer sur ses bancs d’illustres personnalités de divers horizons à l’image de l’écrivain et anthropologue Mouloud Mammeri, l’écrivain Albert Camus, Dalil Boubakeur le recteur de la mosquée de Paris, ou encore le comédien Roger Hanin.
Le Bab El Oued des années 1970 occupe une place importante dans cet ouvrage qui raconte les files d’attente interminables devant les nombreuses salles de cinéma du quartier comme le Lynx, le Plaza ou le Marignan, les innombrables cafés-bars et les vitrines des nombreux libraires et disquaires.
La vie à Bab El Oued est également rythmée par les rencontres de football entre les deux grands clubs de la capitale, MCA et USMA, des derbys que l’auteur restitue dans le moindre détail depuis l’ambiance festive d’avant match jusque dans les tribunes à Bologhine et plus tard au stade du 5 Juillet.
L’auteur témoigne également des événements du 5 octobre 1988 dans ce quartier et la « fusillade du 10 octobre de la même année qui a fait des dizaines de morts et de blessés (…), une date restée comme un trou béant dans la mémoire du quartier. »
Autre épisode dramatique de l’histoire de ce quartier, les inondations de novembre 2001 qui ont fait des centaines de morts et de disparus et qui ont définitivement changé l’aspect du quartier et fragilisé de nombreuses bâtisses, est également relaté par l’auteur.
Né à Alger en 1955, Mahdi Boukhalfa est sociologue de formation et journaliste de profession qui a entamé sa carrière en 1983 à l’agence de presse Algérie presse service.
Il signe en 2019 son premier ouvrage Mama Binette, naufragée en Barbarie qui sera suivi de La révolution du 22 février et La marche d’un peuple, les raisons de la colère sorti fin 2020.