De la chimère référendaire

À la question : Si vous aviez le pouvoir absolu sur toutes les choses de ce monde, quel serait votre première tâche ? Le sage chinois Confucius répondit, sans la moindre hésitation : Je commencerai par rétablir le sens des mots ! Il savait déjà que rien n’est plus fallacieux que l’usage des mots à des fins de mystification et de dissimulation. De tromperie ou de fourberie. Il en va ainsi de beaucoup de stéréotypes érigés en évidence. C’est le cas du mot référendum entre autres. Brandi constamment pour berner plusieurs générations. La force de la preuve par la reconduction. La confirmation de la démonstration par la continuation. Et la justification flagrante de duper toute une société par un simulacre d’élection. De surcroît, programmée à une date chargée de symbolique et de signification. De l’usurpation par juxtaposition. Le référendum, selon la définition communément admise, a pour objet de légitimer une décision politique par consultation. Mais ce mot a une histoire. Et l’histoire des mots renseigne finement sur leur identité. Sur leur cheminement. Et leur aboutissement. Sur leur pervertissement aussi. Et surtout sur les supercheries de leur manipulation. Par la fraude et la falsification. Originellement le référendum vient du plébiscite qui était une procédure de la république romaine dans l’antiquité. Et c’est surtout sa parenté avec le césarisme qui le définit comme la volonté d’imposer le pouvoir personnel d’un homme puissant. Ou celui d’un clan. Quelque soit la source de sa puissance. Et quelque soit l’appellation ou l’étiquette que cette puissance se donne. Il faut croire que le césarisme a fait beaucoup de petits. Beaucoup de pâles copies aussi. Ayant l’allure de boiteuses mascarades. Comme le carnaval local des chambres. La chambre scandaleusement basse, la salle piètrement haute ou encore toutes les pièces, obscures, humides et exiguës, donnant piteusement sur la cour d’un hémicycle scandaleusement suspendu au dessus du réel. Peuplé de figurants grimaçants, faisant béatement office de vaguemestre collectif. Happant quelques miettes putrides, au passage. Contre quelques séances de levage de mains automatique. Et d’aplatissement de ventre systématique. Loin de toute morale et de toute éthique. Ces chambres qui font entrer dans tous les vestibules du pouvoir. Et dans toutes ses antichambres noires. Loin des problèmes de la cité. Loin des angoisses des prétendus électeurs. Mais trop près du clan dominant de l’heure. Celui qui met les mots sur les bulletins. Les figurants sur les sièges. Et la loi en apesanteur. Par l’alchimie qui métamorphose un brouillon en loi. Et une loi en dogme.

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