L’évaluation n’est pas la notation

Etymologiquement, évaluer vient de « valoriser » : valoriser les moments saillants de l’apprentissage. C’est pourquoi, l’évaluateur devrait avoir une posture d’équité et de justesse vis-à-vis de la personne évaluée.

Elle doit cibler toute la compétence et non les ressources morcelées et séquentialisées, comme le fait remarquer Xavier Rogers : « il faut abattre une cible en mouvement. ». Une bonne évaluation doit être valide, c’est-à-dire doit intervenir et couvrir tout ce qui est attendu de l’évalué. Aussi, elle doit être fiable qui veut dire stable, quels que soient le moment, l’endroit et l’évaluateur. Et enfin, elle est réaliste et faisable mesurant ce qui est observable et testable.

      L’évaluation n’est pas la notation. En effet, elle fait intervenir de nombreux traits environne–mentaux (le contexte et le cognitif), c’est-à-dire la compétence au sens large : les savoirs, les aptitudes, les (pré)dispositions, les références sociétales de la personne évaluée. Or, la notation se borne uniquement aux travaux réalisés par l’apprenant tout en marginalisant les autres références qui sont les composantes essentielles de la compétence de la personne et de sa personnalité.

Afin que l’évaluation soit efficace et efficiente, il faut qu’elle soit :

–Transparente : les objectifs doivent être reconnus par l’évaluateur aussi bien que l’évalué (autoévaluation).

–Progressive : l’évaluateur doit hiérarchiser les objectifs tout en évaluant chaque étape d’apprentissage.

–Dynamique (fréquente) : l’évaluation ne doit pas boucler l’apprentissage, mais elle devrait déboucher sur des remédiations, des enrichissements, des soutiens et des réorientations vers d’autres types d’apprentissage.

     L’évaluation est une réalité nécessaire pour mesurer la compétence du formé ; sa négligence occasionne une défaillance. L’évaluation pronostique ou diagnostique est importante, au début de l’apprentissage, pour savoir le niveau réel de chaque formé et ses attentes, à partir desquelles on pourra fixer les objectifs à atteindre. Au cours de l’apprentissage, l’évaluation formative mesure les connaissances précédemment acquises pour pouvoir entamer l’étape subséquente. Si le formé éprouve une difficulté, il peut passer à l’évaluation auto-formatrice qui s’axe sur deux dimensions : une auto–réalisation des tâches et une auto-évaluation (évaluation critériée). L’évaluation sommative cible la somme des connaissances acquises tout au long du parcours. Et enfin, l’évaluation certificative intervient pour authentifier avec un certificat d’aptitude le cursus du formé. Cette dernière est déterminante car elle articuleharmonieusement les trois partenaires : le formé, l’institut de formation et la vie professionnelle.  

    L’évaluation est un mythe puisqu’elle n’est pas entièrement objective : il y a toujours la présence de l’évaluateur dans l’objet évalué. Christine Tagliante, pédagogue notoire en la matière, énumère dans sa célèbre œuvre, L’évaluation (1992),  les différents types pouvant chevaucher la tâche d’évaluation :

–le manque d’objectivité : la non utilisation de l’échelle d’évaluation (la non suffisance des critères) ; effet centripète(les notes ramassées autour d’un écart-type) ; l’effet de halo(l’intervention des effets extérieurs tels que l’excellence ou la médiocrité d’une copie, la situation défavorable ou favorable de la famille de l’évalué.)

     En guise de conclusion, l’évaluation reste une étape cruciale dans le processus d’apprentissage. Il est nécessaire donc de prendre en compte la compétence du « formé » dans sa pluralité (la prise en compte de l’environnement de l’apprenant, ses compétences, ses références sociales…), car « l’être » (le sujet apprenant) précède « l’avoir » (les apprentissages).

Youcef BACHA, jeune chercheur en didactique des langues, en linguistique et en littérature française. Attaché au laboratoire de Didactique de la Langue et des Textes, Université de Ali Lounici-Blida 2 (Algérie).