Concert de soutien aux détenus d’opinion en Algérie: pari largement réussi
« Je chante pour les détenus, pour Tabbou, Drareni et tous les autres. J’espère qu’on vous reverra libres très bientôt », a clamé Cheikh Sidi Bémol en espérant voir libres tous les détenus politique algériens avant d’entamer une de ses célèbres chanson écrite en octobre 1988 et chantée 10 ans plus tard : Trig (La rue).
Pendant plus de deux heures et sous les regards avides de sonorités rebelles de plusieurs dizaines de milliers d’internautes, une belle pléiade d’artistes, aussi talentueux les uns que les autres, s’est mise en branle pour chanter la liberté et le droit à l’insoumission. Des quatre coins du monde, d’Alger, des Aurès, de Kabylie, de Montréal, de San Francisco, de France et de Barcelone, des voix bouleversantes d’émotions se sont succédé, dans une ambiance bon-enfant, pour dire la douleur de l’injustice et le désir de liberté et de dignité. Cheikh Sidi Bémol, Labess, Amel Zen, Mohammed Assouane, Samia Diar, Hedia Saidani, Samira Brahmia ont adressé des messages de solidarité aux militants, activistes, journalistes et internautes emprisonnés, et ont rendu un vibrant hommage à ceux qui luttent pour que l’Algérie se libère du joug de l’autoritarisme. Par des chants aux intonations émouvantes d’indignations, ils ont crié leur rêve d’une Algérie libre.
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Amel Zen, l’une des figures emblématiques de cette initiative, a lu un message en anglais avant de chanter son inimitable hymne à la liberté, conçu spécialement pour le détenus de la révolution du 22 février : Amhvus n Tlelli (Les prisonniers de la liberté).
« Dite à votre maitre que je ne me plierai pas », c’est le titre d’une foudroyante chanson prêchant le droit à la rébellion interprétée par la talentueuse Samira Brahmia dans une langue arabe magiquement suave. « Toute langue est mienne/toute religion est mienne/tout amour est mien, » dit entre autre cette formidable chanson qui se veut aussi un plaidoyer pour une Algérie plurielle.
Lea, un artiste de Barcelone qui a tenu à exprimer sa solidarité avec les Algériens en lutte pour leur libération, a joué une chanson espagnole en soutien, comme elle a dit, « à la liberté d’expression et au droit à la dissidence ».
Le groupe chaoui de Batna Iwal, après un poème psalmodié en l’honneur des détenus d’opinion, a interprété une chanson en tamazight sous le titre Imaghnassen n Tlelli (Les militants de la liberté). « Ne sommes-nous pas tous en prison et que c’est juste le décor qui change ? » s’est interrogée la chanteuse du groupe qui a souhaité voir tous les détenus en liberté.
D’autres artistes comme Mustapha Aissi, Nacer Hamzaoui, Sylvain Knecht, le groupe Tito et ses amis, La Fanfare du Soleil, etc., ont également exprimé leur solidarité avec les détenus d’opinion et ont scandé leur désir de voir l’Algérie revenue à la raison et réconciliée avec elle-même et ses enfants.
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Ce concert, mené avec dévouement, sincérité et beaucoup de foi en une Algérie meilleure, a été un moment très riche en émotions ; les voix et les cœurs ont démontré, dans une communion révolutionnaire chaleureuse, que la solidarité légendaire des Algériens est toujours intacte et que, tant qu’elle est là, les printemps n’en seront que plus beaux. Le message de solidarité porté par cette manifestation inédite est magistralement passé. Le pari est largement réussi.