Reportage de France 5 sur le Hirak : le « j’assume » de Sonia Siam et « les regrets » de Hamou Boumediene
La vague d’indignation et de désapprobation suscitée par le film documentaire Algérie mon amour continue d’irriguer la blogosphère algérienne. Sonia Siam, médecin résidente en psychiatrie au CHU Nedir Mohammed de Tizi-Ouzou et une des protagonistes du documentaire fort décrié, se tient bien droit dans ses bottes et dit « assumer totalement » le rôle qu’elle a tenu : « Alors mais très chers concitoyens, pour commencer, sachez que je ne suis responsable que de ce que j’ai dit. Et j’assume complètement mes propos, » écrit-elle sur sa page Facebook dans une longue lettre qu’elle a rendue publique aujourd’hui. Assumant totalement sa contribution pour un film documentaire assimilé par des dizaines de milliers d’internautes algériens à « une profanation du Hirak », Sonia Siam poursuit : « En participant à ce récit, je n’ai fait que parler de points qui me tenaient à cœur, le réalisateur a décidé d’en garder certains et pas d’autres au montage. » Dans même posture inébranlable, Sonia Siam se dit consciente de sa participation au projet du film documentaire Algérie mon amour et n’émet aucune réserve sur ce qui a été diffusé: « Lorsque j’ai accepté de participer au projet, il était question, pour le journaliste, de parler de la jeunesse algérienne dans ses différentes composantes, à travers plusieurs portraits (dont le mien). Ces jeunes choisis raconteraient leurs points de vue sur la société dans laquelle ils vivent, de leur réalité et de leurs aspirations à l’ère du Hirak. » Autrement dit, Sonia Siam donne la liberté totale au réalisateur d’utiliser ses propos et ses images à sa guise et de les orienter selon ses propres objectifs, sans exiger un droit de regard, ce qui est contraire à l’éthique et aux pratiques professionnelles dans le domaine de la production cinématographique.
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De son coté, Hamou Boumedine, coordinateur du Rassemblement pour la Kabylie (RPK) et militant pour la démocratie, bien qu’il n’ait fait qu’une brève apparition dans le documentaire, annonce publiquement sur sa page Facebook ne pas avoir apprécié le contenu du film qui, selon lui, est loin de refléter la réalité : « Beaucoup de personnes ont réagi négativement au film-documentaire qui vient d’être diffusé sur la chaine de télévision française France 5. Moi même, je ne peux pas dire que je réserve une bonne appréciation, bien que le débat qui a suivi le reportage a remis quelques idées essentielles du Hirak au cœur de la discussion par le réalisateur. Pour lever les équivoques, je n’ai découvert le contenu du film que comme tout le monde et ma participation est restée en droite ligne de ce que j’ai toujours défendue: démantèlement total du système. Je regrette que les éléments que j’ai développés sur l’apport de la Kabylie dans le mouvement populaire n’aient pas été retenus, mais comme je n’ai aucun pouvoir de l’imposer, je ne peux finalement que le regretter, » écrit-il avec amertume sur sa page Facebook en précisant que, après cet épisode, ce qu’il est « essentiel de retenir, c’est notre incapacité à produire notre propre image et traduire par nous même les images que nous considérons à même de traduire notre réalité, nos aspirations » avant d’ajouter : « C’est un peu comme l’histoire, si nous sommes incapables de l’écrire par nous-mêmes, nous resterons bien obligés de subir ce qu’écrivent les autres sur nous. »
Quant aux autres protagonistes, à savoir Hania Chabane, Anis, Athmane Bessalem et Mehdi, ils ont été injoignables pendant toute la journée et n’ont réagi ni à la diffusion du documentaire sur France 5 ni à la vague d’indignation qu’il a suscitée en Algérie.