« Sculpter Idir est une vielle idée » (Boussekar Berzak, sculpteur)
Plus d’un mois après son ultime départ, Idir continue à susciter des hommages de toutes sortes, articles, chansons, poèmes, etc. Avec Boussekar Berzak, l’hommage est unique en son genre ; il s’agit d’une sculpture réalisée après plusieurs années de tâtonnements et d’attente : « Je voulais concrétiser cette idée depuis les tous premiers débuts de mon militantisme pour la cause amazighe, mais je n’avais pas les moyens, » nous-dit avant de continuer : « L’idée est de rendre hommage à Idir. J’admire cet artiste, il représente pour moi mon enfance, mon adolescence, ma jeunesse et ma vieillesse. »
Nourri d’art et de savoir depuis son enfance, le sculpteur chaoui se sert de sa gouge pour magnifier son image et celle de ses semblables : « La plupart de mes œuvres sont un hommage à notre amazighité, » dit-il avec fierté.
À la manière de tous les enfants algériens que la musique d’Idir a toujours chatouillés, Boussekar Berzak est à son tour hanté par l’image d’Idir. Il saisi le fond de ses chants sans comprendre les mots qui les portent. Il en parle avec nostalgie : « Petit, je ne comprenais pas le kabyle, étant Chaoui, mais la magie d’Idir fait en sorte que ses rythmes et ses harmonies expliquent le contenu de ses chansons. » Autrement dit, pour Berzak, la langue d’Idir est universelle ; tout le monde la comprend : c’est la musique.
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Le spectre d’Idir ne cesse d’accompagner Berzak en tant que symbole de la résistance et de la lutte contre l’oubli, même quand il est dans son atelier, en étant en train de sculpter sa statuette : « J’écoutais ses chansons en sculptant et ayant sa photo en face de moi, mais mon imagination s’imposait à chaque fois que je regardais sa photo. » Ni le manque de moyens, ni les conditions de vie difficiles, ni même l’isolation, n’ont pu dérailler Boussekar Berzak de son art en lien à son amazighité : « Dernièrement, un ami qui vit aux États-Unis d’Amérique m’a envoyé la patte avec laquelle j’ai réalisé la sculpture d’Idir. Dès que je l’ai touchée, je me suis dit que cette matière ne pouvait qu’être dédiée au symbole de notre combat, » conclut-il.