« Grâce à Avava Inouva d’Idir, je me sens kabyle » (Alice Zeniter, romancière)

Pour Alice Zeniter, romancière, dramaturge, traductrice et metteuse en scène française, la chanson d’Idir, Avava Inouva pousse à être kabyle sans avoir aucun lien avec cette culture. « Quand j’écoute Avava Inouva, je ne sais pas exactement si je suis Kabyle. Je ne sais pas si, en étant née en France, en ayant découvert la Kabylie après mes 25 ans, est-ce que j’ai quoi que ce soit  comme légitimité à me dire Kabyle ; par contre je sais que je veux l’être. Dans un moment comme ça, si on a le droit de choisir sous le coup de l’émotion, alors je suis Kabyle, parce que ce village, parce que Avava Inouva », a-t-elle déclaré lors de son passage sur les ondes de France Inter.

Prise par l’émotion que fait naître chez elle Avava Inouva d’Idir, Alice Zeniter a expliqué que les moments qu’elle passe en écoutant cette chanson lui permettent de s’évader et « se sentir moins seule. » « Cette chanson émerge avec la voix l’Idir, des instruments, le souvenir de ces villages et la manière dont elle a pénétré les frontières de ma famille pour circuler entre nous », a-t-elle expliqué.

Ayant découvert la célèbre chanson d’Idir dans un village kabyle, lors du Festival itinérant Racont’Art, Alice Zeniter a raconté en détaille cette expérience bouleversante. « C’était à la fin d’une performance que faisait un acteur sicilien qui faisait des comparaisons entre la situation de la Sicile il y a une vingtaine d’années et celle de la Kabylie, et il terminait ce petit spectacle en chantant Avava Inouva. Mais comme toute personne qui ne sait pas parler kabyle, il le faisait de manière très phonétique et il avait apparemment prévu de ne chanter que le refrain », a-t-elle raconté, éblouie de la façon dont « tout le village a commencé à chanter cette chanson. » « A chaque fois qu’il allait s’arrêter, le village reprenait le couplet d’après, et ce chant qui enflait extrêmement très triste et beau porté par une centaine d’habitants. Tout à coup je me suis dit : je ne sais pas exactement si je suis Kabyle », a-t-elle dit, vibrant d’émotions et de bonheur.

One thought on “« Grâce à Avava Inouva d’Idir, je me sens kabyle » (Alice Zeniter, romancière)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *