« Il faut dédramatiser l’école algérienne » (Ahmed Tessa, pédagogue)
Ahmed Tessa, pédagogue, dans l’une de ses dernières interventions, fait le point sur la fracture frappant de plein fouet le programme scolaire, et précisément cette année. Les élèves vont passer l’épreuve de baccalauréat sans qu’il ait une vraie préparation. Le troisième trimestre de l’année dernière est complètement blanc et qui constitue, en effet, la chape de plomb du programme de troisième année secondaire. Quoiqu’il ait des séances de remédiation mises en œuvre, le manque demeure flagrant.
Quant à l’accompagnement psychologique de l’élève, le pédagogue exprime son regret : Placer une ambulance à coté de l’école du centre d’examen, moi, j’ai peur ! Quand on place une poignée de policiers autour d’un centre d’examen, moi, j’ai peur !… pourquoi arriver à tout ça !?
Il insiste aussi sur la formation des enseignants qui est une phase fondamentale et initiale avant d’introduire un enseignant dans une salle de classe. Effectivement, l’enseignant doit subir une formation lui permettant d’avoir une posture d’un enseignant praticien et d’un pédagogue.
Il évoque, en outre, les retombées de la suppression d’une année du cycle primaire qui perturbe profondément la psychologie de l’enfant et régresse son épanouissement. En s’appuyant sur les études des psychopédagogues, il explique qu’il est des phases de développement de l’enfant (l’élève) qui mériteraient d’être respectées au cours de son apprentissage : stade sensori-moteur (0-2ans), stade opératoire (2-7ans), stade d’opérations concrètes (7-11) et stade d’opérations formelles (à partir de 11-12 ans).
Il propose un programme allégé qui va avec les attentes réelles et le centre d’intérêt de l’élève, loin de tout enseignement encyclopédique. Il recommande également la suppression de l’examen de 5ème année en le remplaçant par l’évaluation continue qui permet à la fois d’accompagner l’élève et de remettre en cause une pédagogie de démotivation et de sanction synthétisant le triptyque infernal : « parcoeurisme » (par l’élève), « bachotage » (par l’enseignant) et « psittacisme » des connaissances effritées au cours des épreuves.
Il faut qu’il y ait une volonté politique, étant un levier de l’école, pour pouvoir concrétiser des projets pédagogiques conçus par les chercheurs. Un système performant doit assurer le bonheur de l’enfant, car l’apprentissage est un plaisir.
Youcef BACHA, jeune chercheur en didactique des langues, en linguistique et en littérature française. Attaché au laboratoire de Didactique de la Langue et des Textes, Université de Ali Lounici-Blida 2 (Algérie).
