«Je me sens liée à toute la culture nord-africaine» (Neta El Kayam, chanteuse interprète)

Tout en étant sûre que l’officialisation des relations entre l’Israel et le Maroc ne concerne que « la sphère politique », Neta El Kayam, chanteuse et interprète judéo-marocaine, se fixe comme objectif d’unir les Nord-Africains par les chants. « Ce qui m’importe personnellement est ce que véhicule mon art comme message, c’est l’amour et l’histoire commune des peuples », a-t-elle affirmé, soulignant que c’est la dimension berbère  qui crée l’originalité de l’Afrique du Nord.  

Vous faites partie de la génération d’artistes judéo-maghrébins contemporains. Parlez-nous de votre parcours.

Ma première invitation au Maroc était en 2013 dans le cadre du festival international d’Essaouira. Nous étions nombreux à y participer en tant que groupe de chanteurs Palestiniens et Israéliens venant de Jérusalem.  Je me souviens que je ne maitrisais pas l’arabe à l’époque et que j’avais peur de ne pas être comprise du public, qui a finalement fait preuve d’une grande bienveillance et enthousiasme même pour savoir qui suis-je. Cette expérience émouvante, marquée de sentiments d’appartenance a certainement assuré mon retour au Maroc pour d’autres occasions.

Vous avez interprété plusieurs anciennes chansons du patrimoine judéo-marocain. De quelle manière votre art a servi et sert encore l’identité judéo-marocaine ?

J’ai côtoyé la culture marocaine depuis mon enfance auprès de ma grand-mère, et j’ai toujours remarqué cet écart entre sa culture et celle d’Israël. Bien que je n’aie pas été suffisamment sage pour saisir la complexité de son héritage, j’y voyais toujours de la magie. Je pense que la société mixte d’Israël d’aujourd’hui, a vraiment besoin de revisiter et mettre en valeur les cultures mères de toute sa diaspora. Ce genre de pas reste essentiel pour construire un futur meilleur.  De mon côté, je me tâche d’user de mon art, d’abord pour faire entendre la voix de ma grand-mère, puis pour encourager tout le monde à être fier de ses racines.

Maintenant que le Maroc vient d’officialiser ses relations avec l’Israël, en quoi cette action peut-elle enrichir votre relation avec les deux cultures juive et marocaine ?

Ma relation entre les deux cultures était et sera toujours inchangée, vu que cette officialisation ne concerne que la sphère politique. Ce qui m’importe personnellement est ce que véhicule mon art comme message, c’est  l’amour et l’histoire commune des peuples.

Que représente le Maroc pour vous ?

Le Maroc pour moi, réincarne l’esprit de mes ancêtres.

Prévoyez-vous d’autres productions en dehors du Maroc. La Tunisie par exemple, vu que la communauté juive tunisienne était très importante avant l’indépendance du Maghreb ?

En réalité, je me sens liée à toute la culture qui unit l’Afrique du Nord et je me sens liée à son art et son histoire surtout dans leur dimension berbère. Je souhaiterais bien que mon art touche un public plus large dans la région, mais aussi un peu partout dans le monde, afin de promouvoir la diversité et l’ouverture d’esprit.

 

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