Littérature pour en enfants en Algérie : un désintérêt total

Nombre d’éditeurs, d’auteurs et de critiques sont unanimes à dire que l’écriture littéraire pour enfants en Algérie souffre d’un désintérêt et d’une faible présence, en raison de la « médiocrité » de la publication locale, de la « dominance des contenus étrangers » et du « désintérêt des autorités concernées », sachant que ce genre de littérature avait connu sa période dorée dans les années 70 et 80.

Pour l’écrivaine, Djamila Zennir qui s’est lancée dans la littérature pour enfants dans les années 80, avec à son actif près de 700 contes, la situation de cette littérature est « catastrophique » en comparaison avec les années 70 et 80, lors desquelles elle avait connu son apogée, regrettant qu’ « aucun intérêt ne soit accordé à l’enfant en particulier dans l’écriture des contes ou bien dans les autres domaines à l’instar de la musique », a rapporté l’APS.

« Une grande partie des auteurs et écrivains s’intéresse davantage aux questions religieuses, conférant à ses écrits une espèce d’ennui et de monotonie », d’autant que l’enfant « est intelligent, aime la nouveauté et la variété et déteste la monotonie », a-t-on expliqué, ajoutant que les contes universels très répandus « ne sont pas adaptés à l’enfant algérien, car ne respectant pas ni son milieu, ni ses valeurs sociales et religieuses».

La même auteure a appelé, à cet effet, à la « mise en place d’une commission mixte entre les ministères de la Culture et de l’Education nationale dans l’objectif de promouvoir ce domaine, d’autant que l’Algérie «regorge de nombreux écrivains brillants et doués qui sont toujours à la quête d’éditeurs. »

De son côté, Abdelhamid Salhi, éditeur et directeur de la maison d’édition Al Maktaba El Khadraa (Bibliothèque verte), fondée dans les années 80 et éditant en langues arabe et française, considère que le marché du livre pour enfants « manque d’organisation et de qualité », étant plutôt commercial que professionnel, appelant les autorités concernées (ministères de la Culture et de l’Education) à soutenir les « éditeurs professionnels spécialisés », afin de protéger le marché contre le rush des importateurs et des éditeurs étrangers avec leurs contenus intrus .

Pour sa part, le critique universitaire, Mohamed Sari a estimé que « la littérature pour enfants en Algérie n’est pas marginalisée mais plutôt inapparente à l’opinion publique, en raison du manque d’intérêt par les critiques et les médias pour ce créneau, déplorant dans ce sens l’absence d’une littérature pour la jeunesse. »

Pour les parents, le livre reste « le meilleur moyen d’apprentissage » pour l’enfant, mais son prix « élevé » les oblige à recourir aux CD et à internet qui offrent « un contenu audiovisuel alternatif, large, varié et attrayant. »

 

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