Marielle Rispail, défenseure des langues-cultures

Il est difficile de cerner la biographie d’une chercheure phare qui œuvre, depuis des décennies, sur des thématiques diversifiées et fait croiser le destin et le dessein de nombreuses disciplines, entre autres, la sociolinguistique et la didactique des langues-cultures pour fonder la sociodidactique comme discipline biface.

De nombreux ouvrages et articles scientifiques, fort répandus, rénovant la pensée didactique étant incarcérée et prisonnière d’une tradition circonscrite souvent au rapport enseignant/enseigné, restreignant le contexte de la classe et excluant les référents sociétaux. Contre cette pensée unique et inique, Marielle Rispail brise les murailles de la classe pour y introduire le contexte social dans sa diversité et non dans son adversité : culturelle, cultuelle, parentale, rituelle, langagière (langues/cultures minorées), etc.

De l’étude d’une langue minorée à la sociodidactique des langues » (2003) : qui est un recueil d’articles et études auxquelles le titre donne sens.

Le déterminant de la pluralité « s » marque notoirement et clairement ses écrits, qui rassemblent tous divers chercheurs et chercheuses dans une même pensée stimulante  dont nous citons :

-« L’oral dans la classe. Compétences, enseignement, activités (2005). » L’ouvrage à  orientation didactique posant de nombreux questionnements : Quel oral enseigné ? L’oral doit-il être enseigné ? Sous quelle forme ? Avec quel rapport à l’écrit ? Il met l’accent aussi sur le rôle des activités dans le développement de la compétence de l’oral chez « l’enfant scolarisé ».

-« Esquisse pour une école plurilingue : Réflexions sociodidactiques » (2012). L’ouvrage est une sorte de plaidoyer pour une école plurilingue et pluriculturelle qui abolit le hiatus gênant entre l’école et la société. Il est chapeauté par une formule choquante et synthétisante  d’une étudiante qui professe : « L’école c’est : ‘viens mais sans toi’ ». Cette expression engagée met en relief le « pédagogisme » que l’école exerce et continue à exercer sur la psychologie des apprenants : coupure entre l’enfant et l’élève ; rupture entre le social et le scolaire ; discrépance entre le dehors et le dedans…

La littéracie : conceptions théoriques et pratiques d’enseignement de la lecture-écriture.»(2004). Cet ouvrage propose un examen de la notion de littéracie prenant en compte la complexité et la diversité des pratiques de lecture et d’écriture, tant à l’école que dans la vie quotidienne et professionnelle.

-L’arc-en-ciel de nos langues : Jalons pour une école plurilingue (2017). L’ouvrage s’interroge sur la pluralité linguistique dans des situations composites souvent isolées et minorisées, et la manière dont on en profite pour fonder une école plurilingue.

Abécédaire de sociodidactique : 65 notions et concepts (2017). Cet ouvrage propose plusieurs entrées sociodidactiques initiant les jeunes chercheurs à cette discipline, en mettant à leur disposition des notions et des concepts qui définissent, en gros, les alentours de la Sociodidactique.

Afin de donner corps à sa lumineuse pensée, cette chercheure aguerrie et professeure émérite, animera une visioconférence dont le thème est : La diversité culturelle pour le dialogue et le développement, organisée par Aneclea[1], qui se tiendra le 21 mai à 14h00. La conférencière affirme : « il s’agit d’un dialogue plus que d’une conférence ». C’est une belle opportunité pour échanger les expériences et mutualiser les cultures.

 

Youcef BACHA, jeune chercheur en didactique des langues, en linguistique et en littérature française. Attaché au laboratoire de Didactique de la Langue et des Textes, Université de Ali Lounici-Blida 2 (Algérie).

 

[1]Aneclea : Association Nationale des enseignants Chercheurs en Langues Etrangères en Algérie dont les membres fondateurs sont Pr. Houda Akmoun, Pr. Hakim Menguellat, Pr. N. Saci, Pr. S. Saidoun, sous la présidence du Dr. Imane Ouahib.

 

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