« On ignore ce que fût l’histoire complexe des Algériens » (Benjamin Stora, historien)
Après avoir été critiqué pour son rapport sur « la question mémorielle de la colonisation française en Algérie », l’historien Benjamin Stora a brisé le silence dans une tribune publiée dans Le Quotidien d’Oran.
En effet, jugeant utile de rappeler « la grande ignorance de ce que fût l’histoire complexe des Algériens », l’historien français a expliqué que son rapport « très discuté partout, propose précisément une méthode qui privilégie l’éducation, la culture, par la connaissance de l’autre, et de tous les groupes engagés dans l’histoire algérienne. »
Dans la même source, l’historien français se réclame la démarche « des regrettés Jacques Berque et Mohammed Arkoun », qui consiste« par la connaissance concrète, érudite, [à] faire baisser la peur de l’autre, réduire la part de fantasmes, s’éloigner des mémoires dangereuses qui se sont développées dans les deux sociétés. »
S’agissant des Algériens qui « critiquent vivement » le rapport de Benjamin Stora, ce dernier a rappelé qu’ils ne connaissent peut-être pas ses livres. « Ils sauront que j’ai simplement proposé dans mon Rapport une méthode qui est la mienne depuis longtemps : connaître les motivations, la trajectoire de tous les groupes de mémoire frappés par cette guerre dévastatrice, patiemment (cela fait plus d’un demi-siècle que je travaille et j’enseigne sur cette histoire) pour faire reculer les préjugés et le racisme », a-t-il expliqué, ajoutant que cette action a pour objectif d’avancer « pas à pas, par des exemples concrets, pour comprendre la réalité terrible de la conquête de l’Algérie et du système colonial (massacres de civils, exécutions sommaires, essais nucléaires, disparus, prises d’archives); et ne pas se contenter de s’enfermer dans la répétition de discours politiques, donc de trouver les moyens, par des exemples pratiques, de transmettre aux nouvelles générations leurs histoires réelles. »
Par ailleurs, l’historien français a insisté sur le caractère « modeste » de son rapport qui se veut une démarche de penser la passé colonial. « Mon rapport est une modeste contribution pour ce passage d’un cycle à l’autre. Après plus de cinquante ans de travail sur cette histoire, je vois que de nouvelles générations d’historiens, de chercheurs, d’écrivains, d’artistes s’engagent pour porter ces volontés de réconciliations mémorielles », a-t-il précisé.