Omar Azerradj lance Mouthakafat, « une revue pour comprendre l’Autre »

L’écrivain poète, critique littéraire et docteur en philosophie établi en Grande Bretagne Omar Azerradj vient de lancer, en collaboration avec les éditions Khayal, une revue littéraire portant le titre fort évocateur de Mouthakafat, ce qui peut être traduit en langue française par l’expression « interfécondations culturelles ». Dans un entretien accordé au journal El Djazair Press à cette occasion,  Omar Azerradj affirmeque « Mouthakafat est une tentation de comprendre l’Autre ». Il a mis le point dans cette interview sur l’apport de l’interculturel à la construction des identités culturelles des pays de l’aire culturelle dite arabo-musulmane. « Depuis longtemps, nos pays souffrent de ce que les hommes politiques appellent les invasions culturelles, mais nous n’avons rien fait pour préserver notre identité culturelle, ce qui l’a fait arbitrairement sombrer dans le jeu du capitalisme sanglant et ses effets pervers. De plus, rares sont ceux qui invitent à un dialogue interculturel entre nous et l’Occident, ce qui revient aussi à l’absence des projets de développement d’ordre culturel et idéel, » précise-t-il.

Pour Omar Azerradj, c’est ce genre de préoccupation qui l’a encouragé à fonder la revue Mouthakafat éditée en Grande-Bretagne : «  L’idée m’est venue après les publications successives de deux livres aux États-Unis, La Fin de l’Histoire et Le Dernier Homme de Francis Fukuyama et Le Choc des civilisations de Samuel Huntington. Toutes les analyses et études effectuées par les Arabes sur ces deux essais étaient conçues à partir d’un manque de connaissances envers l’Occident. C’est à ce moment-là que je me suis aperçu de la nécessité de comprendre les cultures asiatiques et africaines, chose sans laquelle il serait impossible d’établir un dialogue sérieux avec ces cultures, » indique-t-il.

Premier numéro de la revue Mouthakafat

Quant au choix d’éditer Mouthakafat à partir de Londres, il procède de cette démarche  qui consiste à mettre en place des espaces de dialogue et d’intercompréhension entre l’Occident et le reste du monde dans une logique d’interculturalité. « J’ai décidé d’entreprendre ce projet en Grande-Bretagne puisque la liberté des médias y est garantie et il s’agit dans ce pays d’une halte propice à toutes les expériences littéraires, artistiques, culturelles, civilisationnelles et scientifiques à la fois […] Cette revue n’est pas un marché, elle n’appartient à aucune culture, mais elle forme un terrain favorable à toutes les formes du dialogue, » souligne-t-il.

Pour rappel, Omar Azerradj est un des poètes et écrivains arabophones les plus prolifiques et les plus audacieux en Algérie et dans le Maghreb.  Exilé à Londres suite à un recueil de poésie où il fustigeait violemment le FLN au temps du parti unique (Moi le Berbère frêle), il a vécu en Angleterre où il a eu à côtoyer l’univers intellectuel anglo-saxon dans toute sa diversité et découvrir ainsi la richesse et la liberté d’un monde aux antipodes du conservatisme, du dogmatisme et de l’autoritarisme qui régissent la sphère culturelle en Algérie. Après un retour en Algérie au début des années 2000 pendant un bon lustre, la tête pleine de projets, empêché maintes fois de mettre en place des projets culturels, notamment des revues, il a fini par regagner Londres.

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