Restitution de 24 crânes de résistants algériens par la France : l’heureux destin d’une pétition
En 2016, le militant et écrivain algérien Brahim Senouci a lancé une pétition pour la restitution des crânes des résistants algériens pendant l’occupation française. Alertés par la situation, 300.00 signataires se sont engagés en faveur de cette affaire. Aujourd’hui, le Gouvernement algérien annonce avoir recouvré 24 crânes conservés pendant plus d’un siècle au Musée national d’histoire naturelle à Paris. « C’est une immense joie que cette conclusion heureuse au bout d’une lutte acharnée qui a duré plus de quatre années pleines, » réagit Brahim Senouci sur son compte Facebook. Insistant sur l’immense contribution de l’historien et archéologue Ali Farid Belkadi qui a trouvé ces crânes des résistants algériens, Brahim Senouci poursuit : « Il avait aussi lancé une pétition dont l’écho n’a pas eu, hélas, le retentissement escompté. Pour ma part, j’avais signé cette pétition mais il fallait changer de braquet et j’ai bénéficié d’un moment favorable pour lancer cette nouvelle pétition qui a pu déboucher vers l’issue heureuse dont nous nous réjouissons… »
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Pour Brahim Senouci, les crimes commis par la colonisation française en Algérie sont d’une ampleur inatteignable. Il faut, selon lui, « que nos compatriotes soient conscients de l’ampleur de la tragédie qu’a été la présence française dans notre pays. » Il faut aussi se rappeler des « victime [s] des enfumades ordonnées par Bugeaud, perpétrées par Pélissier, dans lesquelles 1500 hommes, femmes et enfants sont morts dans des souffrances indicibles […] Guelma, Kherrata, Sétif à nos enfants oublieux, rappeler les morts sans sépulture, les crevettes de Bigeard, les viols, … »
D’après Senouci, « la mission civilisatrice » d’une France coloniale s’avère d’une barbarie indomptable. « A l’arrivée des envahisseurs, l’Algérie était un pays qui comptait des centaines d’écoles sur tout le territoire. Les Algériens des deux sexes savaient tous lire, écrire et compter. Ces écoles étaient financées par les biens Habous. En 1843, la France nationalise les biens Habous. Du jour au lendemain, les écoles ferment. L’analphabétisme devient la norme. Les comportements changent. Les jolies villas entourées de verdure vantées par les généraux des armées françaises sont brûlées. La saleté s’installe. Et voici l’origine de l’homo algérianus, qui crache par terre, parle trop fort et devient grossier …., un ultime « cadeau » de la « civilisation », » assure Brahim Senouci pour qui l’écriture de l’histoire de l’Algérie, dans ses plus menus détails, est une urgence nationale.