Un déluge d'hommages à Abdelmadjid Merdaci
A l’annonce de sa mort, toute la communauté intellectuelle s’est réveillée attristée, accablée des mauvaises nouvelles qui se succèdent depuis déjà des mois pour chanter la mémoire d’une icône : Abdelamdjid Merdaci.
Après Albert Memmi, Idir, Guy Bedos, Nouria Kazdarli, Belkacem Babaci, Abdelmadjid Merdaci a vite mobilisé toute une pléiade d’hommes et femmes de la culture qui, dans un élan triste et reconnaissant à la fois, lui ont rendu un dernier hommage. En effet, pour le professeur Abdelhamid Aberkane, «Le défunt portait Constantine dans son cœur et l’Algérie chevillée au corps, avec un attachement profond qui transparaissait fortement à travers ses nom-breux ouvrages et contributions sur l’histoire, la littérature, le théâtre, la musique, le cinéma et même le sport. C’est une grande perte pour la ville de Constantine et pour l’Algérie. » Très affecté par la mort « d’un frère », M. Aberkane a également ajouté, « Abdelmadjid était un patriote qui aimait sa ville et son pays et n’avait de cesse d’organiser des rencontres et de prendre des initiatives pour faire vivre la culture.»
Pour sa part, le Président de l’association des Amis de Constantine, Toufik Benzagouta a mis en avant les liens divins qui unissent Abdelmadjid Merdaci et sa femme, «le couple extrêmement et extraordinairement soudé et inséparable qu’il formait avec son épouse qui était toujours présente à ses côtés en toutes circonstances», confie-t-il. L’écrivain Kadour M’Hmasadji, n’a pas manqué d’affirmer, «Nous perdons un universitaire éclairé, un intellectuel de valeur et nous perdons un être exceptionnel. »
Reconnu dans les deux rives de la Méditerranée, Abdelmadjid Merdaci a également titillé l’esprit de l’historien Benjamin Stora qui a publié une photo d’eux deux sur son compte Facebook, tout en écrivant «1er novembre 2014 à Constantine, avec mon frère, mon ami, le grand historien Abdelmajid Merdaci. Il est mort cette nuit. Ma peine est immense. » Quant à Ahmed Cheniki, gardien de la mémoire des arts, il a publié sur son compte Facebook une belle tirade où ressuscite brillamment Abdelmadjid Merdaci, « Madjid, tu es parti. Ami de longue date, souriant, la joie de vivre, tu aimais beaucoup plaisanter, rire. Tu lisais énormément. De Constantine, rien ne t’était étranger. Tu étais l’un de ceux qui ont toujours animé la vie culturelle de cette ville, ciné-club, cinémathèque, théâtre, avec Rachid Nafir, Hachemi Zertal, Habib Tengour, Ahmed Benyahia… Tu publiais régulièrement, tu touchais à tout, à l’université, tu étais une voix autorisée. Tu aimais les arts et la littérature et, par-dessus tout, le théâtre et la musique. Tu étais passionné de malouf et tu appréciais particulièrement Fergani, il est originaire de Béni Ferguene, il y avait une certaine proximité, j’appréciais la discussion avec toi, nous conversions de tout, la dernière rencontre, c’était fin 2019 à Alger, je crois, avec Hadj Miliani et Noureddine Azzouz, nous avions discuté culture, comme nous le faisions un peu partout, depuis la fin des années 1970, tu enseignais la sociologie à l’université de Constantine, moi journaliste à Algérie Actualité, il y avait souvent avec nous Tengour, Hamdi Chérif, Kader Merabti, Djeghloul et bien d’autres universitaires ou peintres comme Benyahia. Nous n’étions pas d’accord sur tout et c’est tout à fait normal. »
Ces réactions, enregistrées la journée suivant le décès d’Abdelmadjid Merdaci, loin d’être de banales expressions de louanges, témoignent d’une majestueuse reconnaissance et d’une admiration franche envers un homme qui a œuvré pendant toute sa vie à faire connaître la culture et l’histoire de son pays.