Les alcôves de la mystification
Elles prolifèrent. À foison. Les maisons de quelque chose. La maison de Dieu. La maison des saints. La maison de la culture. Haut lieu de l’inculture et temple attitré de l’insignifiance. La maison des jeunes. La maison des vieux. La maison de l’enfance. Des sportifs. Des handicapés. Des égarés. Des convaincus. Et de ceux qui sont au milieu. Il y a la maison de la presse. Bientôt transformée en maison d’arrêt. De muselage en bâillonnements musclés. Banalisés et généralisés. Il y a les éphémères maisons de la détresse. Les fameuses Diar Errahma. Qui se sont évaporées subrepticement dans la nature. Et les milliards de plusieurs téléthons tapageurs avec. Une belle et éclatante démonstration du modèle de la maison soluble. Une maison entièrement conçue et réalisée, grâce au génie algérien. Et qui a de l’avenir devant elle. Puisque l’avenir est au virtuel. Il y a la maison de l’enseignant. Le lieu de prédilection de la désolation. De la désillusion et de la consternation. Une maison où rares sont les enseignants qui savent de quel côté elle se trouve. Ni même si elle se trouve. Il y a la maison du retraité. L’univers privilégié de l’oubli, de l’abandon et de l’amnésie. Un avant goût prononcé de la glacialité de l’éternité. Avant de s’engouffrer dans la maison de la mort. Il y a la maison des associations. C’est le lieu favori de pullulement des rats d’estrade. Et de prolifération des encravatés d’occasion. Férus dans les cérémonies visqueuses où les onomatopées sont profondément taillées dans le bois massif. Mais c’est dans le domaine de la santé qu’elles sont foisonnantes, les maisons. Il y a, à présent la maison du covid. La maison du diabétique. La maison de l’hypertendu. La maison du cancéreux. Du tuberculeux. Du globuleux. Et du nébuleux. Dans lesquelles il n’a y a strictement rien. Et parfois même pas les murs. Encore une invention algérienne. Des maisons sans murs. Des maisons fantomatiques. Des maisons totalement fictives. Qui n’existent que sur le papier. Sur les tablettes de l’une de ces fumeuses associations. Pour l’obtention d’une hypothétique subvention. Des associations qui font le rabattage pour certaines maisons versées dans l’agiotage Et qui sont devenues des maisons closes. Ouvertement closes.
