Le patrimoine culturel immatériel (PCI) et ses enjeux (2e partie)

2.  Le patrimoine culturel immatériel à travers la convention de 2003

Les premières préoccupations de l’institution de l’Unesco sur la question du patrimoine culturel immatériel remontent à la recommandation sur la sauvegarde de la culture traditionnelle et populaire du 15 novembre 1989. Le souci de préserver la diversité culturelle menacée par la mondialisation, qui tend à uniformiser toutes les formes de culture, a conduit l’institution et les membres qui la composent à réfléchir sur un instrument normatif. Ce dernier doit non seulement être un instrument de réconciliation et de paix entre les peuple, mais aussi un facteur de développement durable. Dans l’article 2 de la convention sur le PCI, on fait référence au développement durable. Dans la conception du PCI, il existe une similitude entre l’immatériel et le développement durable en ce sens qu’il s’agit bien de gérer la viabilité. Le « développement durable » doit être entendu comme un désir de continuité dans le respect de l’environnement et de gestion sage des ressources naturelles. Ainsi, dans la réunion de Turin, on a opté pour l’expression « patrimoine culturel immatériel » au profit de « traditions culturelles et populaires ». La convention de l’Unesco de 2003, définit le PCI ainsi : « Le patrimoine culturel immatériel constitue un ensemble vivant et en perpétuelle recréation de pratiques, de savoirs et de représentations, qui permet aux individus et aux ombrageuses à tous les échelons de la société, d’exprimer des manières de concevoir le monde à travers des systèmes de valeurs et des repères éthiques. » Ce patrimoine culturel immatériel concerne cinq domaines ethnologiques à savoir : les traditions et expressions orales (proverbes, énigmes, contes, légendes, mythes, chants, poèmes…) y compris la langue comme vecteur et moyen de transmission de ce patrimoine ; les arts du spectacle comme la musique, la danse et le théâtre traditionnel ; les pratiques sociales, rituels et événements festifs ; les connaissances et pratiques relatives à la nature et l’univers et les savoir-faire liés à l’artisanat traditionnel. Néanmoins, ces domaines par lesquels se manifeste ce patrimoine immatériel n’ont pas de frontières définies. Différents types d’expressions tels que la danse, le chant et le théâtre se retrouvent souvent ensemble dans un même rituel, carnaval ou cérémonie et parmi ceux qui sont inscrits sur la liste du patrimoine immatériel mondial, où on retrouve chant, danse et poésie combinés on peut citer entre autres « l’Ahellil de Gourara » d’Algérie, le « Carnaval d’Oruro » de Bolivie, le Ballet royal du Cambodge, etc. La liste est longue. La convention ajoute que les éléments énumérés plus haut ne peuvent être considérés comme PCI que s’ils « sont reconnus comme faisant partie de leur patrimoine culturel par des communautés, des groupes », « transmis de générations en générations », « recrées en permanence par les communautés et groupes en fonction » et « leurs procurent un sentiment d’identité et de continuité. ». Dans la reconnaissance patrimoniale, la définition de l’Unesco sur le PCI insiste sur le rôle des acteurs sociaux, communautés et groupes, sur la dimension historique (transmis de génération en génération) et sur la dimension évolutive (recrée en permanence). Dans la convention de 2003, le terme « protection », jugé inadéquat pour le PCI, usité dans les conventions d’avant 2003 concernant le patrimoine matériel, est remplacé par le terme de « sauvegarde ».

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