Des intellectuels appellent à soutenir le Liban, « le dernier bastion du pluralisme »

Un  appel a été lancé hier par les écrivains Abdellatif Laâbi et Issa Makhlouf en soutien au peuple libanais face à la terrible épreuve qu’il endure depuis l’effondrement d’une partie de la ville de Beyrouth. La tribune où il a été notamment dit qu’il s’agit d’un appel à soutien pour « sauver le Liban de l’effondrement » a été signée par une pléiade d’intellectuels issus des quatre coins du monde, notamment de la région Afrique du nord- Moyen-Orient.

Sous le titre fort évocateur « Que vive le Liban des lumières », la tribune rend un hommage exceptionnel aux jeunes libanais qui mènent une révolution contre les pratiques politiques archaïques du gouvernement en place depuis presque un an : « Le 17 octobre de l’an dernier a vu le déclenchement d’un mouvement de protestation exceptionnel, une première dans l’histoire contemporaine du Liban. C’est qu’il a réussi à transcender tous les clivages : confessionnels, idéologiques, régionalistes ou partisans. Des dizaines de milliers de participants, la jeunesse en tête, ont exprimé avec force le besoin d’un changement radical des mœurs politiques et l’arrêt de la dilapidation des biens publics », lit-on dans le texte. Connu pour son pluralisme idéologique, son vivre-ensemble, et sa position culturelle stratégique, l’effondrement du Liban, indique-t-on dans cet appel, « aura, à n’en pas douter, de lourdes conséquences sur tout le Proche-Orient. Il signifiera la chute du dernier bastion du pluralisme, de la diversité et de l’ouverture dans cette région du monde. Il sonnera aussi la fin du rôle de pont entre l’Orient et l’Occident que le Liban jouait, de poumon qui permettait dans le monde arabe à la culture et à l’idée de démocratie de s’oxygéner. »

En effet, ces intellectuels, en relevant le rôle de phare que joue le Liban dans la survie de l’intelligence qui habite le monde arabe en mettant à sa disposition à la fois des moyens d’expression et d’épanouissement, rappellent avec force la nécessité de le protéger du désordre, quel qu’il soit et de faire de sorte qu’il continue à éclairer cette partie du monde sans cesse soumise aux chantages de l’obscurantisme.  « Le Liban de la création, de la liberté d’expression, du refus de l’obscurantisme et de la pensée unique, le Liban qui s’est engagé résolument dans le projet de modernité et s’est mis en situation de dialoguer d’égal à égal avec les autres cultures, ce Liban des lumières est de nos jours menacé de mort. Sa disparition signifierait l’extension de l’aire de l’intolérance, de l’oppression, de la terreur et des pulsions communautaristes incontrôlables, » assène les rédacteurs de cet appel.

Ainsi, signé par des figures résolument engagées dans le combat pour la modernité et la paux dans le monde comme Hocine Tandjaoui, Amin Zaoui, Yassin Adnan, Ali Bensaad, Ismail Alaoui, Rajaa Bakriyyeh, Tahar Bekri, Anouar Benmalek, Tahar Ben Jelloun, Habib Tengour, Youssouf Amine Elalamy, Afifa Bererhi, Nancy Huston, Abderrahmane Waberi, etc.,  l’appel affiche une volonté indétrônable pour se tenir aux côtés des Libanais : « Nous Libanais ou, de par le monde, amoureux du Liban affirmons ici notre refus de nous résigner à une telle perte. Aujourd’hui, nous nous inclinons devant toutes les victimes de la catastrophe du 4 août et nous nous associons au deuil de leurs familles. Et pour que la vie ait le dernier mot, nous exprimons notre soutien total au mouvement de la société civile qui va continuer à se battre pour un nouveau Liban où il redeviendra possible d’établir un véritable Etat de droit, libéré du carcan confessionnel, garantissant à tout un chacun les droits et les libertés d’une citoyenneté pleine et entière, », s’engage-t-on.

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